La cohorte Constances, lancée en 2012, a atteint l’objectif que ses organisateurs s’était fixé, à savoir recruter 200 000 personnes vivant en France pour analyser sur le long terme les facteurs qui l’influencent la santé comme l’alimentation, l’environnement, les conditions de travail, etc. Cela fait de cette cohorte, "le plus important projet de recherche d’épidémiologie et de santé publique en France, qui n’a que peu d’équivalents au niveau international", s’est félicitée l’Inserm, à l’origine de ce programme, en partenariat avec la Caisse nationale d’assurance maladie, la Caisse nationale d’assurance vieillesse les universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et de Paris Descartes. Au total, 205 000 participants ont été recrutés, dont près de 97 % acceptent l’appariement aux bases du système national des données de santé. Quatre-vingt projets de recherche et de santé publique sont déjà en cours, sur lesquels travaillent 190 chercheurs en France, mais aussi en Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Finlande, Italie, Suède, au Canada, Danemark et aux États-Unis. "A l’heure de l’essor des big-data et de l’Intelligence artificielle et si la recherche publique doit pouvoir éclairer la décision publique sur des questions aussi sensibles que les pesticides ou la téléphonie mobile par exemple, il faut pouvoir s’appuyer sur des instruments de recherche puissants et sécurisés comme Constances", explique Marie Zins, directrice scientifique de la cohorte.
Parmi les thématiques abordées lors de la journée du 23 mai, figure l’association entre symptômes dépressifs et régimes végétariens. En effet, ce type de régime alimentaire (excluant la consommation de certains animaux, voire de tout produit d’origine animale) est en plein essor en raison de son impact positif supposé sur la santé et l’environnement. Cependant certaines études antérieures ont suggéré une association avec une plus grande fréquence des symptômes dépressifs chez les personnes végétariennes. Les chercheurs de la cohorte Constances ont donc souhaité approfondir cette question.
Ils ont mené une étude chez plus de 90 000 sujets issus de la cohorte et ont retrouvé cette association pour les régimes pesco-végétariens (excluant la consommation des mammifères et des oiseaux) et lacto-ovo-végétariens (excluant également la consommation des poissons), même en tenant compte de facteurs socio-démographiques ou liés à la santé (OR 1,43 et 1,36 respectivement). Cependant ils ont fait plusieurs observations de nature à relativiser ce lien. En effet, ils se sont aperçus que cette association n’était pas présente chez les personnes consommant fréquemment des légumineuses (lentilles, pois chiches, soja...) ni chez celles suivant un tel régime "pour leur santé". Une tendance à restreindre ses aliments ? Surtout, en comparant avec des sujets qui menaient des régimes exclusifs autres que végétariens, ils ont observé que cette association avec la dépression n’était pas spécifique de l’exclusion des produits animaux mais observée avec n’importe quel groupe alimentaire. "Par exemple, un régime pauvre en légumes était associé avec une augmentation de la probabilité de dépression deux fois plus importante qu’un régime pauvre en viande", souligne l’Inserm (OR 1,37 et 1,71 respectivement). Une hypothèse serait donc que la dépression est associée à une tendance à restreindre la variété des aliments consommés, quels que soient ces aliments. Les auteurs de cette étude restent donc très prudents, considérant que ces résultats ne permettent pas d'établir une relation de cause à effet entre régime végétarien et dépression.
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