Des "Recommandations diététiques dans la prévention et le traitement de l'ostéoporose*", très pragmatiques, émanant de la Société française de rhumatologie (SFR) et du Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (Grio), viennent de paraître. Elles s’articulent en trois groupes de recommandations : celles en faveur de certains composants nutritionnels bénéfiques à la santé osseuse (produits laitiers, eaux minérales, régime méditerranéen), celles suggérant des données de la littérature insuffisantes (thé, café, vitamines autres que la vitamine D...), et celles suggérant un impact nutritionnel délétère de certains d’entre eux (alcool, soda, régimes végétaliens, western diet...). Attention au régime alimentaire La littérature décrit une diminution de la densité minérale osseuse (DMO) limitée chez les végétariens mais plus prononcée chez les végétaliens, en comparaison de sujets suivant un régime omnivore. Parallèlement, les régimes végétaliens et végans ont un risque associé de fracture par rapport à la diète méditerranéenne. La supplémentation en calcium s’impose chez ces patients. Par ailleurs, si la perte de poids des patients en surpoids doit être encouragée, les régimes amaigrissants favorisent la baisse de la DMO chez les personnes ayant un poids normal. La restriction calorique met donc la santé osseuse en balance lorsqu’elle n’est pas justifiée. Enfin, les phytoestrogènes semblent avoir un effet bénéfique sur la santé osseuse des femmes asiatiques mais les données sont insuffisantes pour conclure sur les aliments et compléments alimentaires à base de soja pour les femmes occidentales en prévention ou dans le traitement de l'ostéoporose.
Quelles sources de calcium choisir ? Une consommation élevée en produits laitiers est associée à un moindre risque de fracture dans toutes les méta-analyses, indépendamment de leur nature (hors crème et beurre). Les rares études d'intervention suggèrent, de plus, que la...
consommation de produits laitiers a un effet bénéfique sur la DMO mesurée à différents sites, versus sujets contrôles. Enfin, une étude d'intervention menée dans une soixantaine de maisons de retraite australiennes a montré que l’enrichissement des plateaux-repas en produits laitiers réduit la fréquence des chutes et l'incidence des fractures de hanche par rapport à l’alimentation servie habituellement. D’autres méta-analyses écartent par ailleurs les effets délétères craints par les patients concernant leur consommation (augmentation du taux de cholestérol ou du risque cardiovasculaire) : elles suggèrent un effet protecteur, principalement avec les produits laitiers fermentés de type yaourts peu gras. La vigilance s’impose plus volontiers pour les fromages gras ayant une densité énergétique importante et riches en sel. Aucune donnée de la littérature ne suggère de lien avec le risque de lithiase. On préconise donc une consommation de 2 à 3 produits laitiers par jour qui permettent d’atteindre 1 à 1,2g de calcium par jour. Les boissons végétales sont moins intéressantes car elles sont souvent enrichies artificiellement et insuffisamment en calcium, et ont un faible apport protéique parallèle (hormis les produits à base de soja). Les eaux minérales riches en calcium (>250-300 mg Ca/L) sont de meilleures alternatives. Protéines et équilibre vitaminique Les méta-analyses disponibles sur le sujet montrent qu’il n'y a pas d'effet négatif des apports élevés en protéines versus des apports protéiques bas, mais au contraire une diminution du risque de fracture en fonction des apports en protéines, sans différences observables selon leur origine (animales ou végétales). Chez des patients âgés ostéoporotiques, des apports protéiques supérieures aux recommandations (0,8 grammes/kg/j) sont même associés à des DMO plus élevées, à une diminution de la perte osseuse post-ménopausique et du risque de fracture de hanche à condition que l’apport en calcium soit suffisant. Pour mémoire, il existe une interaction entre protéines et calcium qui est bénéfique pour le métabolisme osseux. De plus, les protéines alimentaires stimulent la libération d'IGF1 (Insulin-like growth factor 1), qui a un effet anabolisant sur le tissu musculo-squelettique. En conséquence, les apports protéiques recommandés chez le sujet ayant une ostéoporose doit être d'au moins 1 à 1,2g/kg/j en association à des apports caloriques en calcium et en vitamine D adaptés. Le texte ne se positionne pas sur les supplémentations calciques, même s’ils sont intéressants chez les patients gériatriques dénutris. Enfin, l’hypothèse d’une ostéoporose liée à une charge acide d’origine alimentaire qui a été longtemps évoquée, a été invalidée car, en l'absence d'insuffisance rénale et de carences en calcium et en vitamine D, aucune association n'a été trouvée entre celle-ci et la DMO, le risque de fracture ou l'ostéoporose. En cas de carence en vitamine D, les aliments enrichis en cette vitamine pourraient être une alternative à la supplémentation, mais il n'existe pas suffisamment de preuves scientifiques pour suggérer qu'ils sont comparables à la supplémentation. Aucune position n’a pu être prise concernant les autres vitamines, dont la vitamine K.
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