"J’ai peur de mourir seule, sans soin, comme un animal" : le cri déchirant de ces patients sans médecin
Après un énième coup de téléphone, mardi soir, Eléonore Vidal, coordinatrice de la MSP Madeleine-Brès à Orléans, a pris sa plume pour écrire une lettre ouverte à Emmanuel Macron, compilant huit appels à l’aide de patients qui se désespèrent de retrouver un médecin. Dans cette MSP du centre-ville, deux généralistes sont en effet récemment partis, laissant 5000 patients sans médecin traitant, rapporte La République du Centre : l’un pour des raisons personnelles, l’autre en retraite. Un médecin « parti trop tôt en retraite parce qu’il était épuisé », souligne l’une de ces patientes. « Nous sommes des dizaines de milliers, dans mon cas à Orléans et partout en France », alerte-t-elle, appelant Emmanuel Macron à « enfin vraiment parler de la problématique de santé qui nous touche tous ». « Je suis fatiguée. J’ai peur de mourir, seule, sans soin. Comme un animal. Ou plutôt non. Pire qu’un animal. Un animal, on lui permet d’avoir une injection létale pour ne pas souffrir. Moi je souffre. J’ai mal, je suis seule, et je pleure, écrit une autre patiente. Je pleure comme tous ces soignants épuisés et démunis. Ceux qui aimeraient pouvoir me soigner, et qui ne le peuvent plus car ils n'en n’ont plus les moyens. » « On reçoit des appels de ce type tous les jours. Les secrétaires passent leur temps à expliquer la situation aux patients. Certains baissent les bras et ne se soignent plus. Certains veulent nous casser la figure ou mettent des coups de poing dans le plexi de l'accueil. Il y a beaucoup d'agressivité », explique la coordinatrice, qui signe cette lettre ouverte au nom d’une « d’une équipe formidable qui n’a plus les moyens de soigner, qui crie son désarroi malgré un surinvestissement, face à l’abandon du système politique vis-à-vis de la santé ». Venant prêter main forte à l’équipe de cette MSP un jour par semaine, le Dr Naima Bouraki s’insurge sur France 3 : « C'est pas normal qu'on ait des papis et des mamies complétement isolés chez eux, sans possibilités d'accès au soin. Ça me révolte. Ça me révolte et ça me révulse. » Généraliste dans le quartier de l’Argonne, où elle suit déjà 2500 patients, la praticienne témoigne de son épuisement à faire le « grand écart » : « Au moins, quand je serai morte, j'aurai rien à me reprocher ! J'aurais aidé un peu. C'est la société qui veut qu'aujourd'hui ce soit le grand écart. J'ai envie que nos politiques puissent l'entendre. Il y a des médecins qui travaillent jusqu'à 70, 75 ans. C'est pas un grand écart ça aussi ? Est-ce qu'on a vocation à travailler jusqu'à 75, 80 ans ? ». [avec Larep.fr et France 3]
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M A G
Non
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