PPL “contre les déserts médicaux” : la solution aggrave le problème, selon une tribune
“Une telle initiative [la proposition de loi “contre les déserts médicaux”] peut sembler aller dans le bon sens tant il est difficile de contester les difficultés d’accès aux soins de nos concitoyens”, écrivent le Dr Frédéric Paing, médecin généraliste, membre actif du collectif “Santé en danger” et Jean-René Binet, maire LR de Hauteville-sur-Mer (Manche), dans les pages du Figaro. Sauf que, déplorent-ils, “certains parlementaires, dans la précipitation, proposent des solutions qui n’ont pas toujours l’évidence qui leur est prêtée”. Ce qui est le cas, selon eux, de cette proposition enregistrée le 17 janvier.
Ils estiment dans un premier temps que sur le fond, elle ne réglera pas le problème. La proposition de loi repose sur l’idée d’accroître la contrainte ou l’incitation pour que des généralistes s’installent en zones sous-denses “depuis lesquels le système organiserait alors une redirection pour rééquilibrer le tout”, or il n’y en a pas, rétorquent-ils. Elle évoque le rétablissement de la permanence des soins : “Celle-ci n’a jamais cessé d’exister”. Elle présente la suppression du numerus clausus comme une avancée majeure… Problème “elle a été grevée (volontairement ?) d’un numerus apertus”.
Un “contexte particulièrement éprouvant”
Quid de l’accès direct aux IPA ? Celui-ci ne peut “se concevoir qu’en complément de l’action du médecin généraliste, dans le cadre d’une délégation de tâches”, réaffirment-ils, or ce n’est pas l’esprit ici, soulignent-ils. Ils s’inquiètent en outre du fait qu’elle “consacrerait au profit de l’IPA la compétence de la primo-prescription”, pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci : la différence de formation, ou le fait qu’il ne s’agirait “pas d’une délégation de tâches mais bien d’un transfert de compétences dont la responsabilité incombe en outre pour partie au médecin traitant au simple motif que l’IPA aurait rempli le dossier médical partagé”.
Les deux signataires soulèvent aussi que cette proposition s’inscrit “dans un contexte particulièrement éprouvant pour les médecins généralistes”, de multiplications d’initiatives du politique qui non seulement “ne résolvent pas le problème d’accès aux soins” mais, au contraire, “en font émerger un autre (...) l’écoeurement, jusqu’à la nausée, de médecins débordés, donnant déjà sans compter, désignés comme coupables (...)”, ce qui pousse des médecins généralistes à vouloir fuir le libéral. Pour dépasser le constat d’insuccès des manoeuvres actuelles, ils dressent une liste de “solutions réalistes”, de “très court-terme”, comme, entre autres, “lister le travail administratif inutile et le supprimer purement et simplement”, la revalorisation du tarif de la consultation des généralistes, etc.
[Avec Le Figaro]
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