Cadeaux, vacances, blocs neufs… Comment le géant des technologies médicales séduit les médecins
Nouvelles révélations dans le cadre des "Implant files". Pour diffuser ses implants médicaux, le géant mondial Medtronic n'hésite pas à mettre beaucoup d'argent sur la table, révèle le Consortium international des journalistes d'investigation.
Ses pratiques éthiquement contestables ont déjà valu au géant des technologies médicales Medtronic plusieurs condamnations aux Etats-Unis. En 2006, le n°1 mondial du secteur (30 milliards de dollars de chiffres d'affaire) s'est ainsi vu infliger une amende de 40 millions de dollars : il est soupçonné d'avoir payé des pots de vin à une centaine de chirurgiens, sous forme de faux honoraires de conseils ou de voyages exotiques. En 2011, le groupe verse 23 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites engagées par le Gouvernement américain, qui l'accuse d'avoir rémunéré des médecins -prétendument pour des études scientifiques- pour les inciter à poser ses implants. En France, l'entreprise aurait agi sous le couvert d'agents extérieurs, révèle France inter. "Les agents commerciaux avaient une sorte de grille de cadeaux qu’ils pouvaient offrir en fonction du type de pacemaker qui était implanté. Ce n’était pas compliqué : on pouvait payer des vacances avant ou après un congrès quand il se déroulait aux États-Unis ou au Canada par exemple. Les agents avaient un crédit dans une agence de voyage. Et le médecin pouvait modifier ou annuler librement ses vols", témoigne un ancien cadre de Medtronic. Ces pratiques, trop risquées, cessent en 2014.
Depuis, l'entreprise a trouvé un nouveau moyen pour diffuser ses dispositifs dans les hôpitaux : proposer des "solutions de santé intégrées", autrement dit fournir des blocs opératoires de haute technologie, avec le business plan qui va avec. Une petite dizaine de partenariats ont été signés en France. La nouvelle salle de rythmologie de pointe inaugurée l'an dernier par le CHU de Rouen a ainsi été financée à hauteur de 800.000 euros par Medtronic. En échange, le CHU reverse un pourcentage sur chaque acte effectué. "Medtronic met à disposition dans des délais rapides des équipements exclusifs et de haut niveau, difficiles à financer pour un CHU, et dont les patients sont les premiers bénéficiaires", justifie le chef de service cardiologie d’un CHU. Problème : il existe des contreparties. Selon le Consortium d'investigation à l'origine des "Implant files", ces contrats public-privé imposeraient des quotas d'implants Medtronic à acheter. Le CHU de Rouen serait ainsi tenu d'acquérir un minimum de dispositifs par an, pour un montant global de 9.5 millions d'euros en cinq ans, sous peine de verser des pénalités. Même type de contrat à l'hôpital du Plessis-Robinson ou encore à la clinique Pasteur de Toulouse, où Medtronic a financé une salle d'opération en cardiologie à hauteur de 750 000 euros. "Ils se sont engagés à financer une partie de la nouvelle salle hybride sur trois ans, en nous disant : 'on paye, à condition que la part de marché de nos dispositifs médicaux soit de tel pourcentage, que je ne peux vous révéler', reconnaît Dominique Pon, directeur de la clinique. En l'occurrence, 60%, selon les informations des journalistes.
Si les chirurgiens restent en théorie libres de leur choix, en pratique cette technique de fidélisation fait ses preuves. Les industriels vont jusqu'à mettre à disposition des médecins des "instrumentistes", qui les assistent au bloc sur le plan technique. "On sélectionne les industriels qui nous vendent les prothèses en fonction de leur capacité à nous fournir du personnel compétent. Il y a donc des relations étroites qui se créent entre le fabricant et le chirurgien", admet le Pr Laurent Sedel, ex-chef du service orthopédie de l'hôpital Lariboisière (AP-HP). "Ca n’est pas normal que du personnel non-hospitalier rentre dans un bloc opératoire", a réagi la ministre de la Santé, qui compte les interdire dans le cadre d'une charte sur la visite médicale en cours d'élaboration. [avec Franceinter.fr]
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