"Je rappelle à nos élus que 10 fois 0 médecins ça fait toujours zéro"

11/07/2018 Par Egora

Il a énervé plus d'un médecin. Dans une tribune publiée sur le site What's up doc dont nous avons sélectionné les meilleurs extraits, Alain-Michel Ceretti, président de France-assos santé (ancêtre du Ciss) justifiait avec moult poncifs sa volonté de revenir sur la liberté d'installation des médecins. Ulcéré devant de tels propos, le Dr Jérôme Marty, président du syndicat UFML a décidé de prendre la plume et de lui répondre sur Egora. Ces deux textes ont engendré une pluie de commentaires de médecins. Nous en avons sélectionné quelques-uns qui nous éclairent sur le ressenti des praticiens face à une remise en cause de leur liberté.

  Les faits : Il y a quelques jours dans les colonnes de What's up doc, Alain-Michel Ceretti, président de France assos santé publiait une tribune intitulée "Déserts médicaux à qui la faute ?". Il y égrenait des poncifs utilisés et réutilisés depuis des décennies, notamment celui de revenir sur "le dogme" de la liberté d'installation. "Une fois leurs études achevées, les praticiens peuvent s’installer en libéral où ils veulent et pratiquer peu ou prou les tarifs qu’ils désirent. Sans la moindre contrepartie. Est-ce bien normal ?", se questionnait-il dans son texte rappelant que "le coût des études est entièrement pris en charge par la collectivité par le biais des universités et de l’hôpital public". Sa solution : "changer les règles du jeu". "Demain, dans les zones de densité médicale insuffisante, la liberté d’exercice totale resterait la règle. Dans les zones moyennement dotées, un effort de participation à la santé publique serait demandé aux jeunes médecins, par exemple au travers d’actions de prévention auprès des populations les plus fragiles. Enfin, dans les régions où les médecins sont déjà très nombreux, leur installation serait conditionnée : pendant une durée fixe, les nouveaux arrivants auraient l’obligation de consacrer une partie de leur temps à des missions de service public et pratiquer des tarifs encadrés", suggère-t-il avant de menacer, "qu’on ne s’y trompe pas : si aucune avancée ne se produit rapidement, les solutions risquent d’être plus contraignantes encore y compris en imposant à la fin des études quelques années de résidence dans des zones de désert médical". Ulcéré devant de tels propos, le Dr Marty a pris la plume et a écrit une lettre de réponse à Alain-Michel Ceretti pour lui rappeler que les associations de patients ont aussi une part de responsabilité face au "drame des déserts médicaux".   Vos réactions :  

"Je n’ai pas envie qu'un petit bout de 4 ans me demande pourquoi je ne suis jamais là"

Par docremy Oui nos études sont prises en charge par l’intermédiaire de la faculté (où nous payons les droits d’inscription) comme les juristes les linguistes les mathématiciens ... enfin tous ceux qui bénéficient du passage par une faculté publique. Quant aux financements par les hôpitaux je ne reviendrai pas sur le ratio quantité de travail salaire des internes que l’on tient grave à leur envie d’apprendre et de progresser mais qui sont des fourmis ouvrières du système hospitalier (pas de quoi être fière pour l’administration qui si elle devait remplacer chaque interne par un praticien ne créerait pas un désert médical mais une planète quasi morte). Ce monsieur croit-il vraiment que tous les faits exacts qu’il énumère nous font plaisir ??? J’exerce en zone sous dotée mais ma journée ne fait que 24:00 dont je souhaite que quelques-unes profitent à ce qui passe avant mes patients ma famille . La médecine m'a déjà permis d’en changer une fois et je n’ai pas envie qu'un petit bout de 4 ans et demi me demande pourquoi je ne suis jamais là quand il se couche !!! Travailler oui à n’importe quel prix non ! Et encore je fais partie d’une génération intermédiaire ou je fais une journée quasi continue et où chaque heure déployée doit être utile pour le patient. Je fais encore des visites à domicile et participe à la permanence des soins... et je ne crois pas être unique dans ce cas-là heureusement. Alors plutôt que de déverser un flot d'arguties je propose à ce monsieur de s’en prendre à l’Etat : le discours d’accueil en 2ème années qui date de 93 de notre doyenne était clairvoyant : "Dans 20 ans vous ne serez plus assez nombreux pour pratiquer" (paix à son âme) Elle avait raison nous payons entre autres une politique désastreuse de gestion économique de la santé par le nombre (entre autre facteur défavorisant) J'arrête car il est l’heure et je vais attaquer ma journée, sans doute un peu plus agacé que celle d’hier mais ça passera ... Commentaire publié en réaction à l'article Le "patron" des patients dégomme à plein tube la liberté d'installation    

"Les dogmes de la médecine libérale datent du siècle dernier"

Par muprudhomme Les anathèmes ne servent à rien. Il faut effectivement mettre en discussion les dogmes de la médecine libérale qui datent des années 20 du siècle dernier, à savoir non seulement la liberté d'installation mais aussi la rémunération à l'acte. L'un est consubstantiel de l'autre et il faut traiter le problème de manière globale. La solution des centres de santé avec des médecins salariés que certains récusent avec le vieil argument de la soviétisation de la médecine est à mettre sur la table car de nombreux jeunes la regardent avec intérêt. Commentaire publié en réaction à l'article Le "patron" des patients dégomme à plein tube la liberté d'installation    

"Médecine télésurveillée : et si on mettait les médecins sous bracelet électronique ?"

Par donbonetti Ceretti (ex Ciss...mais moi je suis resté médecin...) est un avant-gardiste en retard. Comme il peut faire du lobbying sans entrave (reçu comme "conseiller " et représentant des patients au ministère) il aurait pu moderniser l'image du docteur prié de "s'adapter aux Français et non l'inverse" en préconisant la médecine télésurveillée : un bracelet du genre que l'on pose aux prisonniers semi-libres marquant leur périmètre d'exercice. Désormais les ondes du téléphone couvrent presque tout le territoire... Bien sûr le modèle, docteur oblige (toujours "nanti") pourrait permettre de mesurer le temps passé auprès de chaque patient, d'améliorer à terme la rentabilité : une sorte de benchmarking personnalisé, du Rosp en live pour tous les actes etc… etc... Du radar automatique sans personnel pour fliquer : l'infraction vient du ciel, après... Non, décidément la mutation du Ciss n'a pas profité à son vociférateur en chef : il pédale dans la semoule de la haine ordinaire sans passer à l'étape supérieure, ce quelque chose à promouvoir entre les ARS et Pol Pot avec la modernité du numérique comme contrôle. On attend donc la suite et qu'il accepte de la développer. Fort de nos conseils il pourra alors répondre à la demande d'interview qu'il a décliné auprès d'EGORA, pour des raisons futiles qui, en fait, masquent une panne d'imagination dans l'escalade de son acrimonie anti-médicale. Commentaire publié en réaction à l'article Le "patron" des patients dégomme à plein tube la liberté d'installation    

"Merci pour cet exercice de self contrôle"

Par Bozboz Rester calme, de bon matin, voilà le challenge du jour proposé par EGORA ! Ne pas injurier, ne pas injurier, ne pas injurier, Rester Zen, rester Zen, rester Zen ! Merci pour cet exercice de self contrôle, Merci pour ce mauvais épisode du théâtre de Guignol où la marionnette du jour prend son bâton pour taper, taper et taper encore sur le méchant médecin, ce parasite notoire, fainéant, responsable de toutes les affres de la désertification médicale ! Ah le salaud, le salaud, en plus avec la réglementation à 80km/h, ce sera encore plus long pour se rendre au cabinet médical situé à 30 km, les 80km/h, c'est sûr, c'est lui... Allez, à qui le tour, qui veut prendre le bâton pour cogner sur ce salaud de médecin ? La seule question intéressante serait de savoir qui est le marionnettiste qui tire les ficelles de notre Guignol du jour et qui est l'auteur de ce mauvais texte ? Commentaire publié en réaction à l'article Le "patron" des patients dégomme à plein tube la liberté d'installation    

"A tous les étudiants en médecine : envoyez les factures à ce monsieur"

Par csala "Vous y passerez un jour que vous le vouliez ou non" Ah Bon ? Donc on va faire des études de médecine avec un pistolet dans le dos et s'installer avec un revolver sur la tempe ? Croyez-vous qu'à plus de 30 ans, les médecins obéiront le petit doigt sur la couture du pantalon pour s'installer là où on le lui dira ? Vous oubliez que le médecin de ville est un LIBERAL et la contrepartie à la liberté d'installation ce sont d'autres contraintes, vous oubliez que la France n'est pas entourée de barbelés et les jeunes iront voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Maintenant si vous souhaitez que vos médecins s'installent là où vous le souhaitez, il faudrait que vous les fonctionnarisez donc 35h etc. etc…  si bien que si vous voulez que les médecins travaillent la nuit ou/et les we, préparez les repos compensateurs et autres RTT, les congés payés, 0 jours de carence pour la maladie etc... alors expliquez-moi comment on multiplie le nombre de médecins pour couvrir tout ça, car 10 fois 0 ça fait toujours ZERO. Quant aux vieux poncifs des études payées, cela ne mérite même plus réponse tellement il y en a marre d'entendre les mêmes co.... Je suggère à tous les étudiants en médecine d'envoyer toutes les factures de nos études à ce monsieur : puisque c'est gratuit, il n'aura rien à payer !!!! et aux internes d'envoyer leur fiche de paye et de la comparer à celle de ce monsieur !! Commentaire publié en réaction à l'article Le "patron" des patients dégomme à plein tube la liberté d'installation  

"Et si nos élus partaient s'installer dans un désert pendant un an ?"

Par ar94 Nous avons un problème majeur dans notre beau pays c'est d'accepter de dire que nos politiques ne font pas leur job... (car nous les élisons et les ré-élisons!). Dans ces conditions il faut toujours que ce soit la faute des autres. Ouvrons un peu les yeux et acceptons enfin de dire haut et fort que derrière beaucoup de nos problèmes nous avons une défaillance de l'état et donc de nos administrations centrales et de nos politiques. Tant que nous n'accepterons pas de mettre le doigt là où cela fait mal, nous ne pourrons pas avancer et aurons perpétuellement des personnes pour taper sur d'autres alors que le fond vient d'en haut mais que personne n'ose vraiment le dire. Pour être constructif, je propose, à propos des déserts médicaux, que dès le mois de septembre, par tirage au sort, 50% de nos députés et de nos sénateurs partent s'installer pendant 1 ans dans une zone désertique avec femme (mari) et enfants puis dans un an l'autre moitié y va pendant 1 an. Aucun échappatoire tout le monde y va. On va voir si toutes ces personnes ne vont pas trouver des solutions pour aménager le territoire et le rendre plus attrayant... Commentaire publié en réaction à l'article "Toi qui veux dégommer la liberté d'installation, je vais te dire pourquoi tu as tout faux"  

"La pénurie de médecins a été créée de toutes pièces"

Par e.libre Vous devez être né d’hier, ou bien votre mémoire est bien courte pour ne pas savoir comment a été créée de toute pièces la pénurie de médecins, d’abord spécialistes au tout début, puis plus insidieuse celle des généralistes. Il va falloir vous rappeler (ou vous informer simplement) que de très nombreux spécialistes libéraux ne prennent plus de nouveaux patients, et que leurs délais de RV s’allongent de plus en plus. Il va également falloir vous apprendre que l’âge moyen d’installation en médecine libérale est actuellement de 40 ans, ce qui devrait vous faire réfléchir sur l’attractivité de cette médecine de terrain qui constitue une part importante du tissu et du lien social des citoyens de ce pays. Pourquoi une telle désaffection ? Réfléchissez bien. Commentaire publié en réaction à l'article "Toi qui veux dégommer la liberté d'installation, je vais te dire pourquoi tu as tout faux"

Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?

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Cela fait 40 ans que nos ministres, qui sont censés administrer notre système de santé, nous amènent dans la situation actuelle. P... Lire plus

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