“J’ai été appelé pour une jeune fille qui, en rentrant ses vaches à la campagne, a été écornée par un taureau. Elle avait une grande ouverture sous-ombilicale. Après avoir posé une perf et remis une partie des anses grêles dans l'abdomen, un collier cervical et appelé le Samu, j'ai demandé où était le taureau… On m'a répondu : “derrière vous !!!”.”
“Il y a 25 ans, la maman d’un bébé nommé Victor me consulte un lundi matin. Le bébé présente un tableau inquiétant : il est très pâle et il râle. "Votre bébé est en train de mourir de méningite, il faut aller aux urgences immédiatement", ai-je prévenu. "Mais le médecin l'a vu hier et n'a rien dit”, me répondit-elle. Je me souviendrai toujours du regard affolé de la maman et de ce râle à vous glacer le sang. C'était le râle d'un agonisant.
Bébé Victor a survécu, il est aujourd’hui vétérinaire, et surtout, il est notre rescapé. Il a eu beaucoup de chance, car l’interne des urgences avait refusé, ce jour-là, de l'examiner, ce qui lui fit perdre un temps précieux avant la mise en route du traitement salvateur. Pourquoi ce retard ? Parce que l'entête de ma lettre comportait la mention "homéopathe". J'ai compris que l'homéopathie cristallisait trop de rancœur et j'ai fait disparaître cette mention de mes ordonnances. Victor est mon rescapé. Nous avons donc une certaine connivence qui s'est renforcée après qu'il a eu sauvé un chien destiné à être euthanasié. Il l'a appelé Rescued. Deux rescapés en bonne intelligence.”
“Au début des années 70, j'effectuais l’un de mes premiers remplacements dans une petite ville du Nord de la France, alors que j'étais en internat de MG. J'avais été prévenu par le titulaire que des accouchements à domicile pouvaient survenir. Effectivement, appel matinal : une femme va accoucher. Arrivé sur place, dans une famille modeste, le père m'interpelle. “Habituellement, l'docteur met le masque !”, me dit-il. Je me souviens...
lui avoir répondu : “j'accouche selon ma technique (pas si éprouvée que cela...) sans masque !” Je saisis alors le journal sur la table, m'assois et l'ouvre (pour me donner une contenance et cacher mon anxiété). Au bout de quelques minutes de discussion du couple, ils me disent d’y aller. Surveillance, touchers répétés, lenteur du travail… Finalement une double circulaire explique cela, la dextérité de l'opérateur.... Expulsion, cri. Tout le monde se réjouit et le papa, lui aussi soulagé, m'offre un pastis tassé. Il est près de 11h. Le monitoring était dans le regard et les mains !”
Anonyme
“Un jour, mon épouse m'appelle car un enfant est blessé et saigne dans la rue. J’arrive avec une valise de secours. Comme le gamin saignait abondamment et n’était pas bien, je demande à sa maman l’autorisation de le perfuser et calmer l’enfant en pleurs en attendant les secours (je lui avais annoncé ma qualité de toubib). La maman s’y est opposée et a commencé à crier après moi, car je comprimais les plaies. J’ai reçu des coups de pied… Et les pompiers, en arrivant, m’ont aussi jeté mon matériel et m’ont interdit de toucher le gamin. Autre bon souvenir différent : Air France m’a offert une bouteille de champagne car j’ai essayé de calmer une crise de tétanie dans l’avion en revenant de New York.”
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus