Le Comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'assurance maladie a signalé, à la mi-octobre, un dépassement de 560 millions de la médecine de ville, lié à la dynamique des ventes de médicaments et la "progression non maîtrisée" des arrêts de travail et des dispositifs médicaux. Hôpitaux et cliniques, qui sont en deçà de leur Ondam de 105 millions, d'euros, redoutent que le gouvernement récupère leur réserve prudentielle de 415 millions pour boucher le trou. Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a été voté mardi en première lecture à l'Assemblée nationale, hôpitaux publics et cliniques privées tirent la sonnette d'alarme, rapporte Le Figaro. En début de semaine, c'était l'Académie de médecine qui faisait part de ses doutes que l'équilibre de la sécurité sociale mis en avant pour 2019, ne repose que sur un transfert de déficit sur les établissements hospitaliers. Aujourd'hui, hôpitaux et cliniques privées craignent que le gouvernement confisque les 415 millions d'euros de réserves prudentielles (soit 0,7% de leur budget), mis de côté comme chaque année en février pour faire face à un éventuel dérapage des dépenses. Or, les établissements de santé sont dans les clous : leurs dépenses sont même attendues 105 millions d'euros en dessous de l'objectif assigné pour 2018. En revanche, supportant notamment les effets du virage ambulatoire, la médecine de ville connaîtra un dépassement important de 560 millions d'euros, comme l'a indiqué le Comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'Assurance-maladie. Un dérapage lié notamment à la "dynamique" des ventes de médicaments et à la "progression non maîtrisée" des arrêts de travail et des dispositifs médicaux. Le gouvernement va-t-il récupérer la réserve prudentielle des établissements hospitaliers pour remettre ses comptes d'équerre ? "La décision n'est pas prise", assure Matignon au Figaro. Pour le ministère de la Santé, ce type de décision n'intervient pas avant la fin novembre. Mais, souligne le quotidien, le risque d'un tel scénario est fort. Le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, redoute "une aggravation du déficit des hôpitaux publics entre 1 et 1,5 milliard, après 890 millions d'euros l'an passé". Il constate que la régulation par la pertinence, mise en avant par le gouvernement, n'est évoquée qu'à dose "homéopathique" dans ce Plfss, qui "ne résout en rien l'extrême tension des hôpitaux et ne dessine pas la première étape du plan santé 2022". Du côté des cliniques privées, l'irritation est manifeste. "On n'est pas là pour combler les trous. La restitution de ces crédits est vitale pour le secteur", commente Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP). Il dénonce l'injustice d'un système où ceux qui "respectent leurs engagements sont pénalisés". Les hospitaliers demandent au gouvernement un geste politique fort : la restitution en totalité des réserves prudentielles, quitte à laisse un peu filer le déficit de l'Ondam. "Au final, pour l'Etat, c'est le même budget, ce qu'il prend dans la poche gauche va dans la poche droite", philosophe Thierry Chiche, le président du groupe de cliniques Elsan. Interrogée à ce sujet sur RMC et BFMTV, Agnès Buzyn a répondu ce mercredi, que "si les engagements sont tenus, nous rendrons évidemment cet argent. L'idée n'est pas de faire des économies sur le secteur hospitalier. J'attends de voir les chiffres". La ministre a précisé que chaque année, "il y a une partie du budget qui est gelée (et) nous regardons comment les dépense ont augmenté dans tel ou tel secteur". [Avec Le Figaro et l'AFP]
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