"On est arrivé à un point de rupture, les collègues jettent l’éponge" : l’alerte du Pr Salomon

10/06/2022 Par Aveline Marques
S’il salue les premières annonces de la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, au congrès des urgentistes, le président de la commission médicale d’établissement (CME) de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris juge qu’il faut aller "beaucoup plus loin" et "plus vite". 

 

"C’est un tout début, il va falloir aller beaucoup plus loin. Je pense qu’assez vite on peut prendre d’autres mesures", a réagi le Pr Rémi Salomon, président de la CME de l’AP-HP, interrogé ce jeudi matin sur FranceInfo sur les annonces de Brigitte Bourguignon au congrès de la Société française de médecine d’urgence, mercredi. "Je suis pas sûr qu’on ait besoin d’un rapport ou d’attendre la conclusion de la mission flash." 

"Année après année, les difficultés ne cessent de s’aggraver et là on est arrivé à ce que l’on pourrait appeler un point de rupture, il y a une bascule, a-t-il alerté. Il y a comme une sorte de découragement, de désengagement. Moi je suis très inquiet. Les collègues se disent ‘là je jette l’éponge’. On a dit pendant des années ce qui n’allait pas, les politiques, tout le monde est au courant et il ne se passe pas grand-chose", a déploré le médecin. 

S’il salue l’annonce concernant le doublement de la rémunération des heures supplémentaires, le néphrologue estime qu’il faut "payer tout le temps additionnel, pas que les heures sup', mais aussi les gardes, les astreintes". "Les jeunes générations sont moins prêtes à aller exercer le jour, la nuit, le week-end, les jours fériés", a-t-il souligné. 

 

"Les médecins en ville doivent faire leur travail… et ils le font"

Questionné sur la permanence des soins ambulatoires, Rémi Salomon a défendu une "obligation collective" plutôt qu’individuelle. "Dans chaque territoire, les médecins doivent assurer une permanence des soins et s’assurer collectivement que tous les soirs il y a des médecins pour recevoir des patients", a-t-il répondu. "Les médecins de ville doivent faire leur travail… et ils le font, beaucoup d’entre eux sont à la peine aussi, il n’y a pas que l’hôpital", a-t-il insisté. "Il y a un problème de démographie médicale majeur dans ce pays, qui est lié au numerus clausus mais aussi au fait que chaque médecin travaille moins en moyenne qu’il y a 15 ou 20 ans."

[avec Francetvinfo.fr

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