Les cliniques privées de la FHP ont élaboré un programme de réformes, déjà déposé sur le bureau de la ministre de la santé. Parmi celles-ci : une T2A bonifiée à la qualité ou encore l'implantation de centres médicaux de premier recours, comportant biologie et imagerie, en collaboration avec la médecine de ville, dans les zones désertifiées.
Sans attendre l'annonce gouvernementale de la grande transformation de notre système de santé, qui devrait intervenir dans les prochaines semaines, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) a élaboré ses propres propositions, déjà formulées auprès des pilotes des cinq chantiers lancés autour de la réforme. Et remises à la ministre de la Santé. "Notre objectif est simple et ambitieux, a expliqué le Dr Lamine Gharbi, le président de la FHP, lors d'une conférence de presse, "garantir l'égal accès aux soins pertinents et de qualité prouvée". Une annonce formulée dans un contexte nouveau "où tous les partenaires ont laissé derrière eux les luttes catégorielles et sectorielles privé/public pour travailler tous ensemble", croit-il savoir, en écho au credo de la ministre de la Santé. Or, Agnès Buzyn veut réduire considérablement la part de la T2A dans le financement des hôpitaux, pour la stabiliser à 50 %, contre 75 % pour l'hôpital public. Mais la tarification à l'activité représente 98 % du financement de l'hospitalisation privée et la FHP ne veut pas que l'on sacrifie la T2A. "Non, elle n'est pas responsable de tous les maux. Etre payé en fonction de son travail, c'est du bon sens et cela évite le pilotage à l'aveugle" a souligné le patron des cliniques privées. Sa proposition : maintenir la tarification à l'activité, mais y ajouter un critère de qualité, qui n'existe pas aujourd'hui, car "aucun process ne mesure la qualité médicale dans le parcours du patient". Actuellement, la dotation complémentaire liée au respect des process, dont peut bénéficier l'hospitalisation privée se monte à 0,4 % de l'enveloppe de 15 milliards d'euros. La FHP voudrait qu'elle atteigne 4 %, soit 600 millions de bonus, en sus de la tarification. Et au nom de quoi, alors que le gouvernement continue à serrer la vis pour réduire le déficit de l'assurance maladie ? "Nous sommes en sous exécution de l'ONDAM, puisque nous transférons une part importante de la chirurgie en ambulatoire. Nous proposons de convertir cet excédent en un bonus à la pertinence des actes. Nous voulons une séparation des enveloppes entre la ville, l'hospitalisation privée et associative" avance Lamine Gharbi. "Nous proposons une tarification en fonction du service médical rendu et non du coût de production, sur une base de qualité prouvée par la Haute autorité de santé". Le président de la FHP a regretté qu'aujourd'hui, "il faut qu'il y ait un mort pour qu'une maternité ferme", alors que certains établissements classés E (sur une échelle de A à E), continuent de recevoir des patients. "Quant un établissement de santé ne répond pas aux normes de compétence et de qualité, il est logique de fermer le domaine d'activité concerné", défend-il en demandant une révolution dans les normes de l'évaluation. En matière d'organisation territoriale, les cliniques privées font montre de volontarisme, en plaidant pour la création de "centres de premier recours", qui seraient une version améliorée des centres de consultations avancées privés qui existent déjà. En liaison avec la médecine de ville, ces centres médicaux privés, installés dans des zones de pénurie démographique, comporteraient un pôle biologie et imagerie, en secteur conventionné strict. "Ces centres seront des outils de lutte contre les déserts médicaux, et ils permettront de désengorger les urgences", assure-t-il. "C'est une mission de santé publique, une manière de partager la misère". Le président de la FHP a également regretté que les urgences des cliniques privées soient "sous-utilisées. "Les urgences en clinique privées, c'est 50 à 60 passages par 24 h, contre plus de 250 dans le public. Nos urgences sont sous-exploitées. Même si leurs urgences débordent, les infirmières d'accueil et d'orientation des établissements publics n'envoient pas les patients dans le privé. Pourquoi ? Pour récupérer la T2A, et ensuite, remplir leurs lits. Nous avons les mêmes normes de fonctionnement et nous hospitalisons moins que le public, qui récupère la grosse traumatologie. Nous demandons que les ARS nous procurent un cadre incitatif et sécurisé pour nos médecins", a-t-il développé. Avant d'ajouter qu'aujourd'hui, l'Etat est juge et partie, "Il est le régulateur en même temps qu'il gère les établissements de santé public. Ce n'est pas sain, il faut une séparation des rôles".
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