"L'hôpital survit grâce aux réservistes et aux remplaçants" : les PH de Mayotte en grève
La quasi-totalité des praticiens du centre hospitalier de Mayotte (CHM) est en grève ce lundi 10 juin. Objectif : alerter les pouvoirs publics sur la pénurie d'effectifs qui touche l'établissement du département le plus pauvre de France.
C'est une situation qui ne peut plus durer pour les praticiens hospitaliers de Mayotte. Ce lundi 10 janvier, 57 médecins titulaires du CHM étaient en grève pour alerter les pouvoirs publics sur le manque de bras. Un rassemblement était également organisé à 10h devant le centre hospitalier, situé à Mamoudzou, capitale de l'archipel, par ailleurs en proie à une épidémie de choléra. "Le fonctionnement de l'hôpital s'effondre", a déploré la Dre Sophie Fouchard, cheffe du pôle médecine de secteurs.
Cela fait plus d'un an que l'établissement fonctionne en mode dégradé, après le déclenchement du Plan blanc. "L'hôpital survit grâce aux réservistes et aux remplaçants. Cela fait des mois que l'on tire la sonnette d'alarme", a souligné la généraliste de formation. Sur les 300 postes de médecins, "seuls 200 sont occupés", a ajouté Jean-Mathieu Defour, directeur général du CHM. Aux urgences par exemple, seuls 4 postes sont pourvus sur les 37. Et ce sont souvent des médecins qui ne sont que de passage.
"Les conditions de travail deviennent épuisantes"
"Les conditions de vie à Mayotte sont ce qu'elles sont. Les médecins ne sont pas exemptés de ces départs et les conditions de travail deviennent épuisantes pour ceux qui restent", a expliqué la Dre Charlène Ledoux, vice-présidente du syndicat des praticiens hospitaliers, à la 1ère. "Il y a en a qui voudraient rester, mais avec des conditions de travail correctes : ne pas être d'astreinte en permanence, avoir une vie sociale."
Face à cette crise, l'hôpital envisage de faire appel à des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue). Depuis peu, les Padhue peuvent être autorisés à exercer temporairement en Guadeloupe, Guyane, Martinique et à Saint-Pierre et Miquelon sans avoir passé au préalable les épreuves de vérification des connaissances (EVC). Une dérogation qui pourrait être étendue à Mayotte, selon la 1ère.
"Ce sont des praticiens qui n'ont pas passé leur équivalence en France. Ce qui implique une baisse de la qualité de la prise en charge", a dénoncé auprès de l'AFP le Dr Nadjaty Harouna, vice-présidente de la commission médicale d'établissement. Même inquiétude du côté de Charlène Ledoux interrogée par la 1ère : "Ces médecins ne pourront pas travailler à La Réunion ou en métropole. Pourquoi seraient-ils suffisamment qualifiés à Mayotte et pas ailleurs ?"
La praticienne, qui demande des "garantis et des explications sur ce nouveau dispositif", appelle à mettre en place des mesures "d'urgence" au CHM. Cela pourrait passer par "un statut spécifique des médecins à Mayotte, pour avoir un accompagnement pour les médecins qui s'engagent sur la durée ici", a-t-elle suggéré. "Une meilleure rémunération", "une revalorisation des retraites"... pourraient participer à rendre le territoire plus attractif.
Sur les Padhue, le DG du CHM Jean-Mathieu Defour se veut rassurant : "C'est un système qui peut permettre de trouver des solutions, mais il ne faut pas que ça devienne le mode de recrutement unique. Il faut que cela soit réglementé et fait dans les meilleures conditions possibles."
[avec AFP et La 1ère]
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