Il s'oppose au changement de protocole. Mardi 27 janvier, le principal syndicat de conducteurs de la RATP a fait part de sa vive désapprobation après l'annonce, quelques heures plus tôt, de Valérie Pécresse sur la fin de l'obligation pour les métros de s'arrêter en cas de malaise d'un voyageur jusqu'à l'arrivée des secours. Ce changement est pourtant soutenu par le Samu et les sapeurs-pompiers de Paris.
"Sur les malaises voyageurs, nous avons une doctrine qui est absurde, qui n'est pas celle de Londres, pas celle de Tokyo", a, en effet, indiqué Valérie Pécresse, qui préside l'autorité des transports Île-de-France Mobilités (IDFM). "Quand quelqu'un s'évanouit dans le métro, au lieu de le sortir de la rame pour le faire respirer, on le garde comme s'il avait eu un choc d'accident de la route, on le met en PLS, on arrête la rame et on attend que les secours arrivent", a-t-elle détaillé.
Une procédure qui va changer. Désormais, "pour les malaises voyageurs nous n'arrêterons plus les rames de métro", a insisté Valérie Pecresse. Les personnes pourront donc être déplacées sur le quai en attendant les secours.
De leur côté, le Samu de Paris et les sapeurs-pompiers de Paris ont approuvé ce changement de doctrine. Dans une lettre, consultée par Egora, le directeur général de l'AP-HP, celui du Samu de Paris et le préfet de police de Paris affirment que "le principe de non-évacuation sur le quai d'un voyageur pris de malaise, même lorsqu'il est inconscient, n'est pas un gage de la préservation de sa santé et de sa sécurité". Ils ajoutent que ce protocole "n'est, dès lors, pas adapté aux situations auxquelles nos services sont confrontés quotidiennement sur [le] réseau de transport public de voyageurs".
Une évacuation par les autres voyageurs ou témoins
Ce courrier, daté de juin dernier et adressé à Jean Castex – à la tête de la RATP -, indique que le Samu et les sapeurs-pompiers de Paris proposent, qu'en cas de malaise, le voyageur – qu'il soit conscient ou non -, soit évacué "sur le quai où le train est stationné". "Cette évacuation peut être réalisée par l'intervention des voyageurs et des témoins présents, et/ou par tout personnel de l'opérateur de transport avant l'arrivée des secours." En attendant l'arrivée de ces derniers, un agent de la RATP doit se rendre sur le quai et assurer la surveillance du voyageur malade, "au contact d'un opérateur 18/112/15", souligne la lettre.
Cette doctrine ne s'applique pas dans des "cas de traumatologie" comme un accident ou un attentat, a précisé le Dr Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), à l'AFP.
Ce changement déplaît toutefois à FO-RATP, syndicat numéro un chez les conducteurs du métro. Selon ce dernier, la mise en œuvre de ces principes traduit "une réorientation des tâches, anxiogènes, déshumanisantes et dévalorisantes". "C'est une posture politique qui répond à des injonctions de production pour les Jeux olympiques et paralympiques et qui à terme vise à mettre en difficulté professionnelle les agents de la RATP", a déploré le syndicat, dans un tract. "Nous n'accepterons aucune obligation, ni remise en cause de notre droit de porter assistance", insiste-t-il.
Du côté d'IDFM, on assure qu'un dialogue social est en cours pour discuter des modalités de la mesure. Ce dialogue doit ensuite se décliner ligne par ligne au mois de mars, pour une mise en place en juin, "avant les Jeux olympiques". Une échéance confirmée par le RATP qui assure que les formations "de l'ensemble des conducteurs de métro et de RER, ainsi que des agents des gares et stations" vont débuter d'ici quelques semaines.
[avec AFP]
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