"Pilotage à vue", "opacité comptable", "absence de stratégie", direction pléthorique… un nouveau rapport de la chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d'Azur s'acharne sur "la gestion défaillante" de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), 3e hôpital public de France après Paris et Lyon.
Dans un document de 237 pages portant sur la période 2009-2016, la chambre régionale des comptes dresse un tableau plus que sombre de la gestion de l'AP-HM, regrettant notamment que "les insuffisances dénoncées à maintes reprises dans plusieurs rapports" précédents et "les nombreuses recommandations faites dans le passé (aient) été peu suivies". Soulignant une "instabilité de la direction générale" et une direction globalement pléthorique, avec 56 personnes en tout en septembre 2012, un chiffre ramené à 44 en septembre 2016, "ce qui demeure important", les magistrats de la chambre dénoncent une "absence de stratégie" et "un pilotage à vue" de l'AP-HM, un mastodonte de 15.000 salariés répartis sur cinq sites à travers la ville. Stigmatisant "une opacité comptable qui a masqué la réalité du déficit", de 2009 à 2013, la chambre critique également l'absence totale de rapport annuel d'activité, pourtant obligatoire, depuis 2014, ainsi que le manque de projet d'établissement ou de projet médical, là encore obligatoires, entre 2013 et la fin 2016.
Taxis pour les internes
Côté recettes, la chambre a également constaté, entre autres "anomalies dans le processus de facturation", une pratique peu développée du "paiement comptant", un constat "pour le moins paradoxal" compte tenu des difficultés de trésorerie d'un établissement endetté à hauteur d'un milliard d'euros selon les derniers chiffres, avec un déficit cumulé de 550 millions d'euros. De même, du côté des achats, la chambre souligne les 3 millions d'euros engloutis entre 2012 et 2016 dans des prestations externes, dont neuf audits sur les bureaux des entrées. Le tout pour "un suivi insuffisant". Quant à certaines dépenses, elles sont tout simplement "injustifiées" accuse la chambre en citant notamment ces quelque 17.000 euros dépensés en taxis en 2014 puis 2015 pour transporter les internes entre les différents sites de l'AP-HM, alors que l'hôpital possède pourtant une flotte de 274 véhicules de service. Pour sortir de la crise, l'AP-HM mise actuellement sur un "plan de modernisation" de 300 millions d'euros, dont elle espère voir 50% financé par l'Etat. Mais les syndicats craignent des conséquences sur l'emploi, avec l'évocation de 800 à 1.000 postes supprimés en contrepartie, dont 300 à 400 parmi le personnel soignant. [Avec l'AFP]
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