"Les médecins sont des divas" : 1600 soignants de l’hôpital de Metz réclament le départ de la directrice
"Nous sommes tous capricieux. Les médecins le sont plus particulièrement, ce sont des divas." Cette petite phrase, prononcée par la directrice de l’hôpital Metz-Thionville, lors d’une interview accordée à France 3 le 16 mars sur les difficultés du service public hospitalier, avait provoqué un véritable tollé. La communauté médicale s’était aussitôt soulevée contre ses propos, lançant notamment le hashtag #Jesuisunediva sur Twitter.
On le sait qu’on vous forme ainsi : mépriser les soignants et considérer que les demandes de moyens sont des caprices.
Ça vous permet de vous persuader que l’hôpital va bien sous votre direction. C’est un mécanisme de protection psychologique. Ça s’appelle le déni#JeSuisUneDiva https://t.co/xj2WAJ5JR0— Vie De Carabin (@VieDeCarabin) March 18, 2022
J'ai mis de la mayo sur mes œufs et du sel dans pâtes parce #jesuisunediva
— Docteur Ouste (@DocteurOuste) March 18, 2022
Personne pour me rouler jusqu'à la salle de pause et me servir, très déçue. pic.twitter.com/Gj1hoJSNIA
Marie-Odile Saillard avait tenté d’éteindre l’incendie, déclarant sur le réseau social : "En réponse à #jesuisunediva, les divas sont des personnes extraordinaires, douées de talents hors norme et pour lesquelles j’ai une immense admiration, mais qui ont tendance à considérer, qu'à ce titre, rien ne peut leur être refusé. Inlassable défenderesse de l’hôpital public, extraire ce seul passage de mon interview est bien réducteur pour l’hôpital public à qui j’ai consacré ma vie, dont 10 ans dans la blouse blanche d’une infirmière."
Cette tentative d’apaiser le climat de tension ne semble pourtant pas avoir fonctionné. En effet, l’association d’Alerte et assistance pour les praticiens de l’hôpital public (3APIHOP), créée en septembre dernier par un médecin, vient de lancer une pétition sur la plateforme change.org pour réclamer le départ de Marie-Odile Saillard. Ils veulent "redonner à l’hôpital un avenir serein et apaisé". "Ces propos, blessants et inadaptés au regard de l'investissement du personnel hospitalier, ne sont pourtant qu'un pâle reflet du mépris infligé à une communauté hospitalière en grande souffrance", dénonce l’association regroupant une centaine de médecins et plus de mille soignants. "Ce manque de considération apparaît incompatible avec le respect mutuel indispensable à la mise en œuvre du ‘projet de gouvernance et de management participatif’ qui a pour ‘priorités capitales : la qualité de vie au travail et la qualité des soins’, voulues par notre Ministre le Dr Olivier Véran." Interrogé par le Point, le Dr Jean-Marc Pérone, chef du service d'ophtalmologie de l’hôpital, dénonce "un management brutal et agressif, fonctionnant par la peur et l'intimidation" et qui "épuise les équipes". Selon lui, la directrice, en poste depuis sept ans, "doit partir". "On était non seulement pressurés, nous sommes à présent insultés", ajoute un confrère anesthésiste. "Je crains le jour où nous serons nous-mêmes soignés par l'hôpital public. C'est affolant." Marie-Odile Saillard s’est une fois de plus défendu dans les colonnes du Point, estimant s’être "fait piéger" par le journaliste de France 3. "Ce n'était pas une insulte et si j'ai pu heurter qui que ce soit, j'en suis sincèrement désolée", a-t-elle déclaré. "On est tous crevés, à cran après deux ans de Covid, mais je tiens à dire que la communauté médicale est fondamentale, qu'il n'y a pas d'hôpital public sans toubibs (sic). Moi qui défends le service public depuis quarante ans, je sais à quel point l'intelligence et le savoir-faire des médecins sont nécessaires." L’ex-infirmière et cadre de santé a regretté sa maladresse et le choix du mot "divas". Et juge "injuste" d’être "jugée sur un mot malheureux et non sur quarante ans de bilans". Cette dernière a fait savoir à nos confrères du Point qu’elle n’envisageait pas de partir. Ce jeudi matin, la pétition avait déjà recueilli plus de 1.600 signatures. [avec Le Point]
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