Mutilations sur 322 patients : jusqu’à dix ans de prison ferme requis contre les dentistes marseillais
Lionel Guedj, 41 ans, et son père, Carnot Guedj, 70 ans, sont jugés depuis six semaines par le tribunal correctionnel de Marseillais pour s’être enrichis sur le dos de la Sécurité sociale et des mutuelles en pratiquant des opérations injustifiées et bâclées. Ils sont accusés d’avoir réalisé un maximum de prothèses dentaires sur des patients qui n’en avaient pas besoin après leur avoir dévitalisé des dents saines. 322 anciens patients, mutilés à vie pour certains, se sont constitués parties civiles. Durant ce procès "hors norme", les victimes ont témoigné de l’horreur, des douleurs et des conséquences des opérations subies : abcès, kystes, douleurs insupportables, bouche noire, mauvaise haleine, prothèses qui ne tiennent pas. Toutes disent avoir subi des opérations – pratiquées à la chaîne – dans le cabinet dentaire des Guedj, installé en 2005 dans un quartier pauvre du nord de Marseille. Certaines victimes étaient enfants à l’époque et auraient subi des dévitalisations "sans accord parental". "La première consultation se soldait systématiquement par un programme massif de travaux impliquant de dévitaliser et couronner un maximum de dents", indique un rapport établissant que Lionel Guedj – dentiste le mieux rémunéré de France - facturait 28 fois plus de couronnes que la moyenne de ses confrères. Il voyait jusqu’à 70 patients par jour : 57 heures par jour auraient été nécessaires pour de tels actes, selon la CPAM des Bouches-du-Rhône. La moitié de sa patientèle était par ailleurs à la CMU et à 99% au tiers payant.
Face aux témoignages des victimes, le ministère public a indiqué avoir vu des prévenus "froids, inaccessibles, exempts de tout remord" et ne pas avoir réussi "à percevoir une empathie sincère". "Jusqu'aux dernières plaidoiries des parties civiles, ils n'auront de cesse de lever les yeux au ciel", a noté dans son réquisitoire le procureur Michel Sastre, à l'avant-dernier jour du procès. Michel Sastre a par ailleurs relevé "l'insolence" des prévenus qui ont "minimisé leur responsabilité et l'ampleur du désastre" durant les audiences. "Vous devez appréhender un système mis en place, pensé, planifié. Ils veulent faire croire qu'ils ont fait des choix thérapeutiques", mais c'est bien une organisation "visant à faire un maximum d'argent dans un minimum de temps, avec une cupidité insatiable", à laquelle ils se sont adonnés, a-t-il ajouté. Le parquet a souligné la "politique industrielle" mise en place par les deux hommes et leur "plan méthodique, cynique et perfide" motivé par l’argent. Le procureur a requis la peine maximale contre Lionel Guedj, soit dix ans de prison ferme, et cinq ans dont un avec sursis contre son père, tous deux jugés pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" et escroquerie. Le ministère public a par ailleurs requis le mandat de dépôt contre les prévenus et demandé que leur soit infligée une amende de 375.000 euros pour le fils et la saisie de l’immeuble où il réside, et 150.000 euros pour le père. Ce mardi, l’avocat de Lionel Guedj a plaidé l’erreur médicale, commise par un homme désormais "mort de trouille, et qui a honte de ce qu’il a fait". "Jamais, au grand jamais, je n'ai voulu vous blesser, j'ai toujours voulu soigner", a déclaré le dentiste quadragénaire à ces anciens patients présents en nombre. Le père a de son côté "humblement demandé pardon à ceux qui ont eu à souffrir de [ses] soins". Son avocate, Me Anne Santana-Marc, a demandé sa relaxe au motif qu'il ne faisait qu'aider son fils, intervenant la plupart du temps après les plaintes des patients. "Il n'a jamais participé à un choix de traitement." La décision du tribunal sera rendue le 8 septembre prochain. [avec AFP]
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