La liste des victimes potentielles ne cesse de s'allonger. Au total, 80 patients de ce chirurgien grenoblois spécialiste du dos, baptisé par la presse "le chirurgien de l'horreur", se sont manifestés pour dénoncer ce qui serait des accidents médicaux commis par le praticien, a annoncé le jeudi 9 mai à l'AFP Maître Edouard Bourgin, avocat spécialisé dans les erreurs médicales. Le 3 mai dernier, une trentaine d'anciens patients s'était réunis à l'initiative de l'avocat qui défend déjà cinq dossiers dans cette affaire. Ce sont "à ce jour 80 personnes qui estiment que le résultat des opérations du chirurgien en cause n'est pas conforme au résultat promis et constitue un accident médical. Elles ont donc décidé de saisir mon cabinet", indique Edouard Bourgin. "Tous les stades de handicap se retrouvent dans cette cohorte de patients", ajoute-t-il. Le cabinet de l'avocat étudie actuellement lesquels de ces témoignages peuvent aboutir à une plainte en bonne et due forme. Premier homicide involontaire reproché au médecin Le Parisien a également révélé ce jeudi le cas d'un homme, Noël, mort en 2017 des suites, selon ses proches, d'une intervention chirurgicale pratiquée par le praticien grenoblois à la clinique des Cèdres d'Echirolles (Isère). L'épouse et fille du septuagénaire, mort fin 2017, relatent comment ce médecin aurait décidé d'opérer. "Il a juste regardé l'IRM. Et sans même examiner mon mari, il a tout de suite dit il faut opérer. Sans proposer d'autres alternatives. Sans demander d'autres examens", se souvient l'épouse du retraité qui souffrait du dos. D'après son entourage, celui-ci souffrait parallèlement d'une obstruction des artères fémorales. "Ces artères étaient totalement bouchées, on a pensé que son opération du dos allait être repoussée", confie la famille. Souffrant de la jambe droite dès son réveil de l'opération, en septembre 2017, il doit être amputé deux semaines plus tard et décède d'une infection généralisée le 4 novembre 2017. Dès le jour des obsèques, l'épouse avait évoqué "une erreur médicale" fatale. Aujourd'hui, elle confie sa colère au journal : "J'ai de la haine contre ceux qui ont engagé cette opération alors que de nombreux facteurs la contre-indiquaient. Ce drame a anéanti ma vie ". Elle se dit prête à porter plainte. Ce serait alors le premier homicide involontaire reproché au "chirurgien de l'horreur". Le praticien a déjà été suspendu pour trois ans, dont 18 avec sursis, le 15 janvier par le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) avec effet au 1er mai. Sur la base d'une soixantaine de dossiers, le CNOM lui reproche d'avoir souvent décidé d'opérer sans disposer "de tous les éléments nécessaires" et de ne fournir "aucune explication convaincante" sur une trentaine de complications postopératoires. Il a aussi reçu un blâme en avril de l'ordre des médecins de Rhône-Alpes dans le dossier d'un patient qui s'est retrouvé en fauteuil roulant.
L'avocat du praticien, Bernard Boulloud, a annoncé ce vendredi avoir déposé plusieurs plaintes pour "diffamation" contre cinq des victimes présumées ayant mis en cause son client dans la presse. Ces dernières sont convoquées le 11 juin devant le tribunal correctionnel de Grenoble. "On traîne mon client dans la boue sans vérifier préalablement si chacune des prétendues victimes qui interviennent dans les journaux a bénéficié d’un rapport d’expertise consacrant ou non la responsabilité du docteur", justifie Me Boulloud. [Avec AFP, Le Figaro et Le Parisien]
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