Un médecin régulateur jugé après le décès d'un patient : "J'ai le sentiment d'avoir été considéré comme un malfrat"
Un médecin régulateur était jugé ce lundi 18 novembre par le tribunal correctionnel de Nantes pour homicide involontaire après le décès d'un homme des suites d'un arrêt cardiaque. La famille de la victime met en cause l'interrogatoire de l'urgentiste, jugé incomplet.
Le 24 octobre 2020, peu après 20 heures, un avocat décède à son domicile d'Orvault (Loire-Atlantique) des suites d'un arrêt cardiovasculaire. Six heures plus tôt, le quadragénaire, positif au Covid-19, avait contacté le 15, se plaignant de brûlures à la poitrine, d'un essoufflement après l'effort et de picotements dans le bras, indique Ouest-France. L'homme avait échangé 3 minutes 30 avec un médecin régulateur.
L'urgentiste, âgé de 48 ans, était jugé ce lundi par le tribunal correctionnel de Nantes pour homicide involontaire. A la barre, le praticien, soutenu par de nombreux collègues, a déclaré avoir le "sentiment d'avoir été considéré comme un malfrat sans comprendre pourquoi", rapportent nos confrères. La famille, qui se base sur deux rapports d'expertise, lui reproche d'avoir "manqué à son obligation d'exhaustivité" dans le cadre de son interrogatoire.
"Aucune question utile posée !", a déclaré l'avocate de l'accusation, Me Goursaud.
La décision attendue fin janvier
Le procureur de la République, Thierry Rolland, a estimé que le praticien avait cédé à "un effet tunnel" et s'est trop concentré sur le problème respiratoire au détriment du problème cardiaque. Une "imprudence constitutive d'un des éléments concourants au décès" de l'avocat, a-t-il jugé, demandant au tribunal de déclarer le prévenu coupable.
Le régulateur a regretté de "ne pas avoir plus échangé avec la victime", mais a contesté tout manquement dans son diagnostic. "La question des antécédents n'aurait pas entraîné une prise en charge" et "on ne peut pas faire un électrocardiogramme pour toute personne se plaignant de douleurs à la poitrine", a-t-il déclaré lors de l'audience. L'autopsie n'a, en outre, pas permis d'imputer l'arrêt cardiaque au Covid ou à un infarctus.
L'avocate du praticien a, elle, plaidé la relaxe, dépeignant un professionnel "extrêmement compétent" et "aux grandes qualités humaines". Elle a par ailleurs mis en cause le manque de moyens ou encore le contexte de crise sanitaire, qui a considérablement renforcé l'activité de la régulation. Le jour du drame, le médecin a dû répondre à 5 appels en 15 minutes, alors que la moyenne est de 7 par heure, avance Ouest-France.
La décision sera rendue le 27 janvier prochain.
[avec Ouest-France]
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