Trop d'épisiotomies : la secrétaire d'Etat accusée de "salir" les gynécos et obstétriciens
Dans le cadre d'une audition au Sénat jeudi dernier, Marlène Schiappa avait pointé les "75%" d'épisiotomie en France et les "violences obstétricales" dont seraient particulièrement victimes les femmes étrangères, les plus jeunes et celles souffrant de handicap. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français et l'Ordre des médecins s'insurgent.
"Madame la Secrétaire d’État, les gynécologues et obstétriciens français ont pris l’habitude de lire sur les réseaux sociaux des propos inexacts et parfois injurieux les concernant. Ils sont hélas incontrôlables. Ils sont en revanche à la fois surpris et profondément choqués par le relais que vous donnez à ces informations fausses dans votre déclaration du 20 juillet 2017 au Sénat", attaque le Pr Israël Nisand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français dans une lettre ouverte à Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, diffusée hier. 75% d'épisiotomies En cause, "les violences obstétricales" que subiraient les Françaises, notamment "les femmes étrangères, les femmes très jeunes et les femmes handicapées", sur lesquelles la ministre a commandé un rapport au Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes. Pour appuyer ses propos, tenus dans le cadre d'une audition au Sénat, la secrétaire d'Etat avait notamment pointé le taux anormalement élevé, selon elle, d'épisiotomies en France : 75%. Une proportion que la fondatrice du réseau "Maman travaille" aurait évaluée d'après un sondage mené en 2013 auprès de 983 mères.
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Un chiffre vivement démenti par le Pr Nisand. "La dernière évaluation officielle et publique réalisée en 2010 en rapportait 27 % avec une réduction de moitié depuis le décompte précédent qui était de 55 % en 1998." "Les disparités de ressentis sont réelles entre les femmes et les obstétriciens, qui consacrent leur vie à la santé des femmes. Il n’appartient pas au gouvernement de dire quelle est la réalité des chiffres, mais d’apporter une réponse aux femmes qui font part de leurs souffrances", a justifié Marlène Schiappa dans un communiqué, lundi, confirmant "la nécessité" de lever "le tabou" des violences obstétricales. "Perte de confiance" Or, pour le spécialiste, il est "injuste, voire néfaste pour les femmes, d’induire une telle perte de confiance envers les gynécologues et obstétriciens qui s’évertuent à assurer dans une sécurité remarquable plus de 800 000 naissances par an". Parler de "violences obstétricales", c'est maltraiter "notre profession dans son ensemble", enfonce le président du Collège, qui trouve par ailleurs "déplacé" que Marlène Schiappa fasse "la leçon" aux médecins spécialistes sur "la prise en charge de la douleur voire de l’endométriose". "Madame la Secrétaire d’État, il ne faut pas salir les professionnels, surtout lorsqu’ils pratiquent un métier aussi difficile que le nôtre et la perte de confiance des femmes que vous induisez par vos propos constitue un bien triste projet pour une personne censée créer de l’enthousiasme et de la sérénité en nous donnant les moyens de soigner décemment les femmes de France", conclut-il. Ce mardi matin, c'était au tour de l'Ordre des médecins de "regretter" les "propos mal documentés" de la secrétaire d'Etat, qui non seulement "pourraient aggraver la défiance des femmes envers le corps médical dans son ensemble, mais aussi décourager de possibles vocations pour des spécialités médicales aujourd’hui en souffrance en termes démographiques".
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