Selon Mediapart, un ancien collaborateur d’Olivier Véran a tenté, vainement, de toucher une commission sur une vente de masques organisée à la mi-mars. Tewfik Derbal, devenu ensuite collaborateur d’une députée LREM, Émilie Chalas, lors de la nomination d’Olivier Véran, aurait monnayé cette commande alors que la France était en pleine pénurie de protections.
D’après le site, tout commence lorsqu’une société lance un appel sur les réseaux sociaux, en mars, affirmant se trouver en possession d’une grande quantité de masques FFP2 provenant de Chine. Le cousin de Tewfik Derbal tombant sur l’un de ces messages propose de mettre la société en relation avec “un contact” d’Olivier Véran.
C’est à ce moment que l’ancien assistant parlementaire du ministre débute les négociations. “Je suis en lien avec la personne qui gère cette situation [la pandémie de Covid-19, ndlr] au sein du ministère”, affirme-t-il à la société d’après Médiapart. Puis demande “comment” sont gérés, habituellement “les apporteurs d’affaires”.
Dans la nuit du 16 au 17 mars, l’ex-collaborateur de Véran envoie un second message confirmant “l’intérêt du produit proposé de la part des autorités” et en profite pour envoyer un “contrat d’apporteur d’affaires”. “Je vous joint [sic] un contrat d’apporteur d’affaires accompagné d’un avenant afin de valider notre collaboration. Vous n’avez plus qu’à compléter la commission en pourcentage qui me revient et signer le contrat et l’avenant”, dit son message, que Mediapart a pu consulter.
Augmentation du prix du masque à l’unité
Tewfik Derbal demande alors une commission de 2% du prix sur chaque masque vendu. La société lui répond que ce n’est pas “l’usage” en matière d’import-export car cela risque d’engendrer une hausse du prix du masque. Selon les chiffres avancées par Mediapart, cette commission implique une hausse du prix de 0,6 centimes, les masques passant de 2,60 euros pièce à 2,66 euros pièce.
Finalement, après discussion, l’ancien collaborateur aurait fini par une légère baisse de sa commission, la faisant descendre...
à 1,8 % HT. Mais la transaction n’aura jamais lieu. “Une fois le contrat signé, Tewfik Derbal ne finalisera jamais la commande de l’État”, affirme Mediapart.
Joint par le site, l’homme a d’abord nié les faits. “Énormément de personnes m’ont contacté, ou ont contacté mes collègues. Les gens ont fait le rapprochement entre Olivier Véran, qui a été nommé ministre, et ses anciens collaborateurs. Ils nous ont contactés pour faire en sorte qu’on puisse positionner ces entreprises auprès du ministère. On a relayé l’information et point barre. Moi, je n’ai pas vendu de masques par mon intermédiaire. Je n’ai aucune commission de quoi que ce soit”, leur a t-il affirmé… Avant de revenir sur ses propos.
Démission
Tewfik Derbal a finalement reconnu la véracité des informations. Il avoue aussi avoir menti sur la réponse du ministère à l’offre du lot de masques FFP2. “J’ai dit qu’ils étaient intéressés pour montrer à la personne... Ce n’était pas vrai, mais là on fait des affaires, on n’est plus dans le poste de collaborateur parlementaire, je suis avec ma casquette d’auto-entrepreneur, justifie-t-il. Ce n’est pas allé plus loin que cela. Il n’y a jamais eu de retour [du ministère, ndlr]”, relate le site.
A la question de savoir s’il voit dans la situation un potentiel “conflit d’intérêt”, il répond “oui et non”. “Au moment où la personne m’a sollicité, Olivier Véran avait été nommé ministre, je n’étais plus son collaborateur parlementaire”, dit-il pour se justifier. Il a depuis, démissionné de ses fonctions.
De son côté, Olivier Véran a fait savoir que cette histoire “ne le regardait pas”. “Les premières semaines, le ministère a reçu des centaines d'offres de masques, par tous les canaux imaginables. À tel point que la cellule de crise a dédié une équipe à l'examen de ces offres. L'écrasante majorité était d'ailleurs hélas bidon. J'imagine que celle de Tewfik Derbal l'était aussi, vu qu'aucune suite n'y a été donnée. Je n'en sais pas plus et j'avoue que j'ai vraiment d'autres choses à gérer dans la période”, affirme-t-il dans les colonnes du Dauphiné Libéré.
Wow. Le scandale d'Etat. Le ministre de la santé, qui vraiment a peu de boulot en ce moment, a mis 72h à répondre concernant une affaire qui ne le concerne pas mais concerne son ancien collaborateur. https://t.co/vcabkoaLF6
— Aurore Bergé (@auroreberge) May 10, 2020
[avec Mediapart et Le Dauphiné Libéré]
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