Battue aux législatives, Brigitte Bourguignon aura été l'une des ministres de la Santé les plus éphémères de la 5e République

20/06/2022 Par Louise Claereboudt
La ministre de la Santé et la Prévention Brigitte Bourguignon a été battue de 56 voix dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais. Prenant "acte", elle a annoncé qu'elle quittera le Gouvernement. 

 

Un mois. C’est le temps qu’aura passé Brigitte Bourguignon avenue de Ségur. Nommée le 20 mai dernier, elle a en effet été battue par la candidate du Rassemblement national au second tour des élections législatives, ce dimanche, dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais. 56 voix seulement la séparaient de Christine Engrand, élue députée avec 50,06% des suffrages, contre 49,94% pour la ministre, qui concourait sous la bannière Ensemble !  

L’ancienne secrétaire médicale, née à Boulogne-sur-Mer, devra ainsi quitter son poste au Gouvernement très prochainement, comme l’exige la règle imposée par Emmanuel Macron. Elle sera ainsi l’une des ministres de la Santé les plus éphémères de la 5e République. Le record étant toujours détenu par le Pr Léon Schwartzenberg, cancérologue, qui est resté ministre délégué à la Santé moins de deux semaines, du 29 juin au 7 juillet 1988.  

La surprise était de taille, et la déception à sa hauteur, puisque l’ancienne ministre déléguée chargée de l'Autonomie avant de succéder à Olivier Véran devançait sa concurrente du RN au premier tour. Elle avait obtenu 32,1% des suffrages, contre 30,33% pour Christine Engrand. 810 voix les séparaient alors.  

Pour rappel, Brigitte Bourguignon avait été élue pour la première fois députée du Nord-Pas-de-Calais sous l’étiquette socialiste en 2012, puis réélue sous la bannière En Marche en 2017, trois ans avant d’entrer au Gouvernement. 

Dès sa nomination en tant que ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon avait fait face à la crise des urgences et avait organisé des concertations avec les syndicats de médecins (hospitaliers et libéraux) afin de trouver des solutions pour faire face à l’été. Lors du congrès Urgences 2022, elle avait cependant prononcé une petite phrase qui n’était pas passée auprès des soignants : "Je n’accepterai ni l’instrumentalisation politique, ni que l’on fasse croire aux Français que partout, le système s’effondre. Ce serait méconnaître les efforts de tous sur le terrain." 

Ce lundi après-midi, Brigitte Bourguignon a réagi sur Twitter. "J’y ai mis toutes mes forces face à l’extrême droite. Compte tenu de ce résultat, je quitterai le Gouvernement et mes fonctions de ministre de la Santé et de la Prévention", a-t-elle annoncé.

Plusieurs personnalités sont pressenties pour lui succéder : circulent notamment les noms de Thomas Mesnier, urgentiste, ou encore de Stéphanie Rist, rhumatologue. Tous deux ont été réélus ce dimanche, respectivement en Charente et dans le Loiret.  

 

Véran et Abad réélus 

L’ex-ministre de la Santé  devenu fin mai ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et de la Vie démocratique, Olivier Véran, a pour sa part été réélu dans la 1ère circonscription de l’Isère face à la candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), Salomé Robin, avec 57,7% des voix contre 44,47%. 

 

Malgré des accusations de viol, le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, a été largement réélu dans la 5e circonscription de l’Ain avec 57,86 % des voix face à la candidate de la Nupes, Florence Pisani (42,14 %). "C'est la victoire du cœur, du courage, du travail et de la proximité", s’est-il réjoui sur son compte Twitter à l’annonce de sa victoire. Victoire toutefois dénoncée par de multiples citoyens et collectifs, à l’instar du collectif féministe Nous Toutes, qui exige son éviction et organise ce jour un rassemblement.  

 

Par ailleurs, 18 médecins ont également été élus députés, et rejoindront sous peu les bancs de l’Assemblée nationale.  

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