Accès direct : plusieurs organisations d’étudiants et de jeunes professionnels affichent leur soutien

10/11/2021 Par Pauline Machard
Politique de santé
Dans un communiqué commun, six fédérations se sont prononcées mardi 9 novembre en faveur de l’accès direct pour certaines professions paramédicales. Parmi elles, seul Reagjir représente les médecins. Mais sur les réseaux sociaux et dans une tribune, des médecins en exercice ont, eux aussi, apporté leur soutien à cette ouverture.   

“Une jeunesse soudée face à des avancées historiques.” C’est en ces termes que plusieurs organisations du secteur de la santé, principalement étudiantes, marquent leur soutien aux expérimentations de l’accès direct pour certaines professions paramédicales, contenues dans des amendements au PLFSS pour 2022, actuellement examiné par le Sénat.  

Les organisations signataires sont la Fédération des associations générales étudiantes (la Fage), la Fédération nationale des étudiants en orthophonie (FNEO), la Fédération française des étudiants en orthoptie (FFEO), la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek), l’Association nationale des étudiants sages-femmes (Anesf). À noter que seul le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir) représente les médecins.  

Dans un communiqué commun, elles fustigent les amendements proposés le 3 novembre par la Commission des Affaires sociales du Sénat, visant à encadrer davantage l’accès direct, arguant que la commission a ainsi témoigné “d’un manque de connaissances et de cohérence par rapport aux compétences actuelles des professions paramédicales”. Elles estiment que la “volonté” du Sénat de “sur-encadrement” des paramédicaux “est en rupture avec la possibilité pour nos professions d’établir un bilan diagnostic depuis déjà plus de 20 ans”. Et soulignent que le travail de transmission de bilans, source d’“amélioration de la collaboration interprofessionnelle”, est renforcé “depuis des années grâce à l’apparition de l’exercice coordonné”. Elles font aussi valoir qu’“à l’horizon 2022”, l’évolution du système numérique de santé favorisera les synergies. 

Rappelant que “l’accès direct est ouvert plus largement à d’autres professions de santé dans plus de 40 pays du monde”, elles mettent en avant qu’“à l’échelle internationale (Canada, États-Unis et Suède), des études comparant l’accès dirigé par le médecin généraliste" et l’accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes "ont rapporté que le modèle d’accès direct présentait de nombreux bénéfices : réduction plus importante des coûts de santé, amélioration de la fonction et de la qualité de vie des patients pris en charge, satisfaction des patients et temps d’attente aux soins diminué”. Ajoutant qu’“aucun événement indésirable n’était à déplorer”.  

“À l’heure où les tensions entre professions de santé grandissent et au sortir d’une crise sanitaire qui a montré plus que jamais la nécessité d’une...

coopération étroite entre les acteurs du système de soin, nous tenons à lancer un appel à l’union, au dialogue et à la collaboration entre les professions de la filière, réaffirmant notre volonté de poursuivre une dynamique proactive dans l’évolution de nos métiers”, concluent les signataires. 

 

Des médecins en exercice prennent aussi position 

La veille, dans une tribune publiée dans Le Figaro, de nombreux professionnels de santé, parmi lesquels le Pr Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), Patrick Chamboredon, président du Conseil national de l’Ordre des infirmiers, ou encore le collectif Fakemed, s’étaient déjà exprimés en faveur de l’expérimentation de l’accès direct. Ils y voient “une évolution majeure pour le système de santé et ses usagers”, jusqu’alors empêchée par “le dogme incontournable du monopole médical”, obstacle à “toute adaptation rapide [...]”.

Evoquant le courrier adressé par le Cnom et sept syndicats de médecins libéraux à la commission des Affaires sociales du Sénat pour marquer leur opposition à l’accès direct, les signataires de la tribune s’offusquent, parlant de “positions conservatrices et passéistes pour protéger des intérêts corporatistes”. “Il est préjudiciable qu’une minorité de médecins bloque depuis de trop nombreuses années toute possibilité d’évolution du système de santé, largement plébiscitée sur le terrain par les professionnels de santé, dont les médecins”, écrivent-ils. “Ce courrier va à l’encontre d’une vision d’avenir du système de santé, qui pourtant doit faire face à une offre de soins aujourd’hui insuffisante et insatisfaisante pour nos concitoyens. À tel point que de nombreux Français se tournent vers des thérapies dites ‘alternatives’ qui bénéficient d’un accès direct jamais contesté par ces mêmes instances”, poursuivent-ils.  

“L’accès direct à des professionnels de santé non médicaux formés est une évidence pour de nombreux pays. Plusieurs études confirment l’amélioration des parcours de soins. L’Etat doit prendre ses responsabilités et repenser urgemment le système de santé qui tarde à se réformer. Faisons confiance à l’ensemble des professionnels de santé. Favorisons la collaboration interprofessionnelle au service des usagers pour améliorer l’accès aux soins. Valorisons les compétences de l’ensemble des professionnels de santé”, concluent les signataires.  

 

Les patients font aussi entendre leur voix
Sur Twitter, France Assos Santé, qui représente les patients et usagers du système de santé, s’est aussi dite “favorable à l’accès direct à des professions paramédicales historiques, dont l’expertise n’est plus à prouver. Pour les nouvelles professions, il faut un cadre spécifique : équipes pluri, évaluation des effets sur la qualité des soins ou l’expérience patient…” 

[Avec Le Figaro

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