Une trentaine d'experts internationaux ont analysé le profil de sécurité de la molécule BIA 10-2434, mise en cause dans l'essai clinique mortel de Rennes en janvier 2016. Leurs résultats, publiés dans la revue Science, montrent sa toxicité, explique Le Figaro.
"Une toxicité incontestable dans les essais précliniques", c'est ce qu'a indiqué au Figaro le Pr Alain Privat, neurobiologiste, membre de l'Académie de médecine qui a suivi le dossier depuis janvier 2016. "Il s'agit bien d'une molécule bricolée dont on n'était absolument pas certain de la spécificité", ajoute-t-il. En clair, la molécule avait été conçue pour bloquer l'action d'une enzyme particulière au niveau du cerveau, mais rien ne permettait de penser qu'elle n'agirait que sur cette cible. D'autant qu'à partir d'une certaine dose, son action devenait complètement imprévisible. En étudiant la molécule avec des méthodes de protéomique chimique (étude de l'ensemble des protéines d'un système), les chercheurs ont également détecté des dégâts collatéraux considérables. "L'étude montre que la molécule atteint des cibles en dehors de l'enzyme (off-targets), notamment les lipases qui sont extrêmement toxiques pour le système nerveux central, car elles peuvent détruire les membranes des neurones et même la myéline (gaine protectrice des neurones, NDLR)", explique le Pr Privat. Selon lui, "la technique utilisée par les auteurs de l'article devrait l'être pour toutes les nouvelles molécules mises en essai clinique, en particulier celles visant le système nerveux central". [Avec Le Figaro et la revue de presse de Pharmaceutiques]
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