Ce mercredi, le Pr Didier Raoult doit être auditionné par la commission d'enquête sur le coronavirus de l'Assemblée nationale. Il sera interrogé sur la politique de dépistage massif pratiquée dans son établissement, l'IHU Méditerranée Infection de Marseille, ainsi que sur ses sévères critiques de la gestion de l'épidémie de Covid-19 en France. Parmi les 32 membres de la commission d'enquête, le Pr Raoult compte au moins trois partisans déclarés: Martine Wonner (ex-LREM), médecin psychiatre qui voit dans l'interdiction de l'hydroxychloroquine hors hôpital une "entrave" à la liberté de prescrire des médecins, Joachim Son-Forget, lui aussi ex-LREM et médecin de formation, qui a soutenu le chercheur marseillais et pourfendu ses détracteurs dans de nombreux tweets, et le député LR du Vaucluse Julien Aubert, qui avait écrit fin mars à Emmanuel Macron pour lui demander notamment d'utiliser massivement la chloroquine. "M. Raoult est connu sur la controverse de l'hydroxychloroquine, mais il y a un sujet majeur pour nous sur la question des tests. Pourquoi nous n'avons pas plus testé en France?", a indiqué mardi le chef de file des députés LR Damien Abad, lors d'un point presse. "Ce qu'on veut comprendre de M. Raoult, c'est comment se fait-il que lui ait réussi à faire une politique de tests massive à Marseille", a-t-il poursuivi, y voyant un lien avec les "taux de mortalité bien inférieurs" dans cette ville.
L'éphémère membre du conseil scientifique Covid, créé mi-mars pour conseiller le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire, devrait aussi être interrogé sur son analyse de l'épidémie...
"Le professeur Raoult vient avec des chiffres, avec des données. Il a beaucoup récolté de données, non seulement à Marseille en soignant les malades, mais aussi grâce à Santé Publique France, qui permettent de comprendre au mieux la maladie, et la manière de la gérer", a indiqué son entourage. "Dans ce pays, on adore décapiter les gens". Dans une interview au Parisien, il continue de défendre l’hydroxychloroquine. Ainsi, il prescrit toujours ce traitement aux patients l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, à Marseille — dont il est le directeur. "J’ai traité plus de 3 700 patients avec ce médicament. 0,5 % de mortalité, pas de toxicité cardiaque", étaye-t-il, ajoutant : "On a voulu le diaboliser." La France en a banni l’usage le 28 mai contre le Covid-19, mais Didier Raoult a obtenu "le droit de l’utiliser de la direction générale de la santé". Celui qui jugeait début février que le coronavirus n'était "pas si méchant" et qui n'exclut pas une "deuxième vague" a fustigé, mardi dans un entretien à La Provence, la désorganisation du système de santé français pendant la crise, "due au fait que la gestion médicale a été remise en cause par la peur" et "qu'on n'a pas soigné les gens". "Si on m'avait écouté, il y aurait eu deux fois moins de morts", affirme-t-il. Des propos vivement critiqués par de nombreux professionnels de santé, durement éprouvés par l'afflux de patients dans les hôpitaux ces derniers mois. Le médecin urgentiste Mathias Wargon explique ainsi sur Twitter pourquoi il ne regardera pas l'audition de Didier Raoult.
Je voulais regarder Raoult à la commission mais c’est à 17.00. L’heure à laquelle les assassins sont encore à l’hosto.
— Mathias Wargon (@wargonm) June 24, 2020
Pour entendre qu’on a tué des patients? Alors que tout le monde s’est épuisé pendant le COVID? Et que lui il a soigné des gens bien portant?
— Mathias Wargon (@wargonm) June 24, 2020
[Avec leparisien.fr, laprovence.fr et l'AFP]
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M A G
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