Depuis octobre 2023, le dispositif a démarré en phase pilote dans les cinq départements des Hauts-de-France sur la tranche d’âge 45-50 ans, choisie par François Braun, car "c’est la génération un peu sandwich, qui a le moins de temps pour prendre soin de sa santé", explique Christine Jacob-Schuhmacher, sous-directrice en charge de la santé des populations et de la prévention des maladies chroniques à la DGS. "L’idée était de tester les outils pour pouvoir intégrer tous les retours de terrain qui nous sont remontés au fil de l’eau, car c’est un dispositif innovant qui va donc nécessiter des ajustements", ajoute Gaëlle Jamet. En trois mois, autour de 80 bilans ont été réalisés, sans communication particulière vers le grand public. Dans la Somme, les professionnels de santé ont été informés de la possibilité d’y participer par un mail de l’Assurance maladie : sur les 2 000 concernés, sept seulement se sont portés volontaires. Dans les quatre autres départements, l’ARS a organisé une rencontre de lancement en septembre à Lille et une série de réunions de terrain avec chaque CPTS. Comme elle s’y attendait, c’est la seconde modalité d’approche qui a été plus efficace : les professionnels de cinq CPTS se sont lancés. "La première leçon tirée est que nous allons nous appuyer prioritairement sur les CPTS pour déployer le dispositif", en conclut Christine Jacob-Schuhmacher. "Nous sommes convaincus de l’intérêt des CPTS pour le travail interpro dans la prévention et les parcours de soins, affirme le Dr Jacques Franzoni, président de la CPTS Grand Valenciennes. Quand l’appel à candidatures a été publié, c’est tombé sous le sens pour nous d’y participer, d’autant que nous sommes dans un secteur où l’espérance de vie est de trois à six ans inférieure à la moyenne nationale." Dans la tranche d’âge concernée par la phase pilote sont apparues deux catégories de patients : des actifs peu disponibles habituellement pour leur propre santé, car ils s’occupent de leurs descendants ou ascendants, et des patients en situation de précarité éloignés des soins. "J’ai recruté dans ma propre patientèle et via les centres communaux d’action sociale, raconte le généraliste. Finalement, sur une quarantaine de patients, il y avait surtout des femmes et plutôt CSP+. Moi-même, j’ai fait quelques bilans qui ont duré quasiment une heure alors que c’étaient des patients que je connaissais. Franchement, j’ai appris beaucoup de choses !"
La phase pilote est en cours d’évaluation par l’URC-ECO (unité de recherche clinique en économie de la santé en Île-de-France, Inserm/AP-HP). "Le dispositif est perfectible, mais l’autoquestionnaire permet de bien orienter l’entretien, estime Jacques Franzoni. Par rapport à une consultation médicale habituelle, le bilan peut permettre d’engager une petite dynamique sur la prévention, mais si cela reste du one-shot, l’impact restera modéré. Il faut aussi pouvoir disposer de suffisamment de ressources d’aval. C’est pour ces raisons que nous avons demandé une possibilité de revoyure des patients."
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