La santé au bord de sa révolution 5G

13/09/2021 Par Romain Loury
E-santé Santé publique
L’arrivée de la 5G ouvre de nombreuses perspectives dans le domaine de la santé. En particulier un désenclavement de l’hôpital, ce qui devrait faciliter le suivi des patients et favoriser les relations avec la médecine de ville. 

La 5G est en cours de déploiement en France depuis 2020. En 2023, sa montée en puissance devrait aboutir à un débit 10 fois plus rapide qu’avec la 4G. Au-delà d’un confort accru pour l’usager surfant sur son mobile, cette nouvelle technologie devrait trouver des applications dans bien des domaines, tels que l’industrie, l’automobile connectée ou encore la santé. 

« Cela fait des années qu’on échange avec des professionnels de santé sur ce sujet : cette technologie est clé pour améliorer les diagnostics, gagner du temps et in fine sauver des vies », avance Stéphanie Cavaillès, directrice « Insights » et promotion de l’innovation chez Orange. « La technologie 5G va permettre de créer un lien entre les professionnels de santé et les patients à distance, entre les machines d’un hôpital et le personnel sur le terrain, le SAMU, les pompiers, et accompagner les patients dans leur parcours de soins », ajoute-t-elle. 

Pour assister les industriels dans la mise en place de solutions 5G, Orange a annoncé début février l’ouverture de sept « Orange 5G Labs » en France. Leur objectif est « d’aider les acteurs économiques à mieux appréhender les opportunités, la valeur et l’utilité de la 5G », explique l’opérateur. Ouvert fin mai, celui de Rennes sera particulièrement actif dans l’e-santé. 

 

Une ambulance connectée à l’étude 

Très en pointe sur le sujet, le CHU de Rennes participe au projet européen « 5G-TOURS », qui comporte un volet santé. Parmi les outils en cours d’étude, l’ambulance connectée : la 5G permettra, par exemple, d’utiliser un échographe connecté, en vue d’un diagnostic très précoce en situation d’urgence cardiologique, voire de réaliser de premiers gestes, guidés par un expert à distance. « Le fait de pouvoir recourir à un expert qui n’est pas sur le site de l’accident nécessite une grande qualité d’image, et donc un débit important », explique Nelly Besnard, responsable du département partenariats et innovations du CHU de Rennes. 

Autre enjeu, la 5G permettra le « slicing », à savoir la priorisation de certaines voies de communication. Sur un site d’intervention en urgence, le réseau sera ainsi orienté en priorité vers l’urgence médicale, levant ainsi tout risque de parasitage par d’autres usagers de la 5G. 

Au bloc opératoire, la 5G présente aussi de nombreux avantages. D’une part, elle permettra aux divers équipements de communiquer sans fil, ôtant aux soignants le souci des branchements complexes. D’autre part, son débit très élevé rend possible la fusion d’images vidéo en temps réel : lors d’une opération, le chirurgien pourra se contenter d’un seul écran, où seront fusionnés les images de la radiographie et de l’échographie, en 3D. « Aujourd’hui, le chirurgien doit regarder deux écrans, on va lui proposer sur un même écran les deux images fusionnées », explique Carole Le Goff, référente santé à l’institut de recherche technologique B-com. 

 

Un diagnostic facilité 

La 5G va par ailleurs favoriser la décentralisation des actes médicaux : « Si vous devez faire un EEG, vous serez amené dans une pièce dédiée à l’hôpital. Grâce à la 5G, on peut « enlever » les murs pour ne plus avoir à déplacer le patient », explique Marc Frouin, directeur général de BioSerenity, start-up fondée en 2014 à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Cette « ouverture » du CHU offrira un gain précieux aux patients difficiles à déplacer, qu’ils soient en réanimation, en maternité ou en Ehpad. « On n’est plus uniquement au sein de l’hôpital, on ouvre les portes : il y a quelques années, tout tournait autour de l’hôpital, maintenant tout tourne autour du patient », renchérit Laurent Frigara, PDG adjoint d’Enovacom, une filiale d’Orange Business Services. 

Ce qui ouvre la voie à des diagnostics plus poussés : « Face à un évènement rare, qui survient moins fréquemment que toutes les 24 heures, par exemple pour certaines arythmies cardiaques, vous avez besoin de prendre des mesures sur une longue durée. On ne peut pas garder un patient dans une salle à l’hôpital sous un IRM pendant plusieurs jours », explique Marc Frouin. Grâce à son débit de données, la 5G va faciliter les examens à domicile ou en Ehpad, sur de plus grandes durées que celles possibles à l’hôpital. 

La médecine de ville devrait aussi goûter les fruits de cette révolution. La 5G va accélérer la dynamique actuelle, née avec le Covid-19 : le recours accru à la téléconsultation. « On est passé de quasi-rien à un usage qui est devenu presque normal, qui va s’ancrer dans les pratiques et qui va perdurer », constate Nelly Besnard. Reculant les murs du CHU, elle va faciliter la communication entre médecins hospitaliers et médecins de ville, au profit d’un meilleur maillage territorial, espère-t-elle. 

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