Le nouveau ministre Aurélien Rousseau opposé à la régulation à l’installation des médecins : "La coercition n'est pas la solution"

31/07/2023 Par Louise Claereboudt
Politique de santé
Dans un entretien accordé au Monde, le nouveau ministre de la Santé s’est montré favorable au partage de tâches et à la coopération entre soignants pour faire face à la désertification médicale. 

 

"Je fais partie de ceux qui pensent que la coercition n’est pas la solution, parce qu’elle ne fonctionne pas quand il n’y a pas assez de médecins, a déclaré Aurélien Rousseau ce lundi 31 juillet dans un entretien accordé au Monde. Elle provoque, au contraire, un phénomène de fuite." Nommé il y a précisément onze jours au poste de ministre de la Santé, l’ex-directeur de cabinet de la Première ministre s’est exprimé officiellement sur l’épineux sujet de la désertification médicale. 

Alors que les propositions de régulation à l’installation des médecins fusent de toute part, Aurélien Rousseau s’y est montré fermement opposé, à l’instar de son prédécesseur. L'ancien directeur général de l'ARS Ile-de-France a dit vouloir privilégier "le collectif" et "le dialogue" plutôt que la contrainte. "La coopération entre professionnels est un puissant levier de changement, de même que le partage de tâches, ou encore le recours à des assistants médicaux pour soulager le travail des médecins libéraux", a-t-il estimé. 

Un défi de taille qui consiste à "libérer du temps médical", en attendant que "la levée du numerus clausus" ne produire "ses effets".  

Comme sa collègue Agnès Firmin Le Bodo, Aurélien Rousseau a dit ne pas croire "à la ‘cathédrale’ législative" : "pour avancer, il faut convaincre et partir du terrain", a-t-il martelé. "Nous avons rarement vécu un tel alignement des planètes, une telle conscience de tous les acteurs qu’il faut faire bouger les lignes. Quand bien même c’est sous la pression." 

 

"Aux urgences, la situation est extrêmement tendue" 

Le nouveau locataire de l’avenue de Ségur s’est également exprimé sur la crise de l’hôpital, et notamment des urgences. Selon lui, "la situation est extrêmement tendue". "On ne s’en sortira qu’en étant extrêmement transparent sur ce que l’on traverse", a-t-il estimé. Si "la crise estivale a été mieux anticipée" notamment grâce à la boîte à outils déployées par le précédent Gouvernement (régulation par le 15, déploiement des SAS "qui avancent rapidement et couvrent d’ores et déjà plus de la moitié de la moitié de la population"), "il est certain que c’est parfois un fonctionnement dégradé"

"On ne peut se satisfaire, dans notre pays, d’avoir des endroits où les urgences restent portes closes la nuit, il n’est pas possible d’en faire durablement une solution", a jugé le nouveau ministre de la Santé. Selon lui, ce sont surtout les établissements "où il y avait le plus d’intérimaires" qui souffrent aujourd’hui. "La carte extrêmement fine sur laquelle a travaillé mon prédécesseur, François Braun, qui a mené cette réforme indispensable et courageuse de l’intérim médical, nous sert aujourd’hui à piloter et identifier les risques de l’été." 

Aurélien Rousseau a détaillé certaines de ses priorités pour sortir de cette crise. Estimant que "le travail de nuit est un sujet majeur", il présentera "dans les prochaines semaines", "un plan de mesures pérennes sur ce sujet et celui de la permanence des soins", a-t-il annoncé. En outre, il a estimé que, "bien que fondamentales", "les revalorisations massives du Ségur de la santé de l’été 2020 n’ont pas, à elles seules, suffi à rétablir l’attractivité". "Le curseur financier ne peut être le seul pour changer radicalement la donne : il y a un sujet managérial, sur l’encadrement des équipes, l’organisation des plannings, l’autonomie laissée à l’échelle des services…" 

L’ancien directeur de l’ARS Ile-de-France, en poste durant l’épidémie de Covid-19, a ajouté que les soignants, après avoir fait face à la crise sanitaire, sont "fatigués des discours héroïques sur leur métier, ils veulent des actes, des perspectives, de la reconnaissance et, surtout, pouvoir faire leur travail : soigner". 

[avec Le Monde

Les "médicobus" sont-ils une solution aux déserts médicaux?

Michel Rivoal

Michel Rivoal

Non

Cela en dit long sur l’état de la médecine en France. Si je voulais caricaturer je dirais voilà comment « ramasser les morts&... Lire plus

20 commentaires
Photo de profil de Olivier Cahen
769 points
Débatteur Renommé
Anesthésie-réanimation
il y a 1 an
Je me méfie beaucoup d'un ENArque, ancien directeur de cabinet de Bornout et ancien ARS : il a certainement des solutions dans son sac qui seront pires ! Il est très satisfait de lui même car au dépar
Photo de profil de Marie-Caroline Rettori
388 points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
Ok mais sans coercition à l’installation on pourrait quand même s’opposer à l’installation d’une Medecin roumaine dans une commune de 2500 habitants qui a déjà 4 médecins qui veut profiter que le zona
Photo de profil de Chambon Dominique
2,4 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 1 an
Parlant des soignants de l’hôpital, Rousseau dit: « ils veulent des actes, des perspectives, de la reconnaissance et, surtout, pouvoir faire leur travail : soigner". euh…monsieur le ministre, c’est t
 
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