Notre-Dame : la pollution au plomb inquiète les riverains

31/07/2019 Par Ornella Lamberti
Santé publique

Comme d'autres parents, Ella n'était absolument pas au courant du problème de plomb dans l'école de Saint-Benoit, fermée jeudi, trois mois après l'incendie de la cathédrale Notre-Dame qui a provoqué des concentrations anormales de plomb dans certaines écoles environnantes. Les écoles maternelle et élémentaire de Saint-Benoit resteront fermées sine die, tant que les niveaux de plomb seront supérieurs aux 1000 µg/m² préconisés par l'ARS, a précisé vendredi Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la mairie de Paris. "On va continuer à laver", a-t-il promis, les dernières analyses ayant montré un taux de 3500 µg/m2. Il a précisé que quasiment toutes les écoles concernées par une éventuelle pollution au plomb étaient fermées pour les vacances et que la seule encore ouverte pour accueillir un centre de loisirs avait des taux de plomb inférieurs à la norme. Ella n'a appris que jeudi soir la fermeture de l'école, en récupérant son petit garçon de cinq ans qui, avec les autres enfants accueillis devant le centre de loisirs de l'école le matin, ont été, soit transférés dans une autre école du quartier, soit emmenés en "sortie nature". Une grand-mère venue chercher son petit-fils de trois ans n'a également appris la nouvelle que jeudi soir. Depuis l'incendie le 15 avril dernier de la cathédrale gothique, des taux de concentration importants de plomb, auxquels les enfants sont particulièrement exposés, ont été relevés aux alentours de l'édifice, en raison de la fusion de plusieurs centaines de tonnes de ce métal contenus dans la charpente de la flèche et la toiture. Si des prélèvements ont été réalisés dans un rayon de 500 mètres autour de la cathédrale, en particulier dans les établissements scolaires, l'Agence régionale de santé (ARS) a élargi le 18 juillet le périmètre, des mesures faisant apparaître à l'extérieur des niveaux supérieurs à la référence de 5000 µg/m2. "Pas de visibilité" pour la mairie D'autres parents connaissaient eux le problème de pollution au plomb auquel les enfants sont particulièrement exposés : "Ils absorbent 4 à 5 fois plus de plomb que les adultes", leur curiosité "innée" faisant qu'ils portent à leur bouche des objets qui ont pu être contaminés, note l'OMS. Comme Virginie, venue récupérer sa petite Pauline de six ans après son activité en plein air. Pour elle, même si la communication a été faite "un peu à brûle-pourpoint", la mesure "est une bonne chose" et prouve que la mairie est "attentive". Assia, en revanche, se dit "inquiète". Elle reconsidère, à la lumière de ces informations, la récente fièvre de sa fille qu'elle avait initialement attribuée à la grippe et songe à demander à un médecin de faire une plombémie. Beaucoup de parents dénoncent... un manque de transparence de la mairie de Paris. "Elle me répond : 'on n'a pas de visibilité'", regrette Lamine, père de deux garçons, parlant de l'employée de la Ville qui informait jeudi les parents de la fermeture temporaire de l'école. Si des agents municipaux étaient effectivement postés jeudi devant l'école pour renseigner au besoin, seule une affichette sur la porte informait que "vendredi 26 juillet, l'accueil des enfants se fera à l'école maternelle Littré" sans motiver ce changement, a constaté une journaliste de l'AFP.

Interrogée par l'AFP, la mairie de Paris a souligné avoir "scrupuleusement suivi les recommandations de l'ARS", ajoutant ne faire porter "bien sûr aucun risque aux enfants". Florence Berthout, maire du 5e arrondissement, a demandé mardi à Anne Hidalgo "en l'absence de résultats tangibles" et "au nom du principe de précaution" que l'accueil d'enfants soit "immédiatement suspendu" dans le périmètre des 500 mètres. Emmanuel Grégoire a considéré vendredi que l'élue "instrumentalise un sujet compliqué". "S'ils veulent [les maires] instaurer un débat scientifique avec l'ARS, qu'ils le fassent", a encore déclaré Emmanuel Grégoire, appelant à ne pas "s'ériger en spécialistes". Le maire du 6e arrondissement de Paris, quant à lui, souhaite que la Ville de Paris leur transmette une cartographie des taux de plomb "dans les autres écoles qui pourraient être impactées" dans le centre de Paris, a indiqué jeudi son équipe à l'AFP. Les résultats des prélèvements dans les établissements scolaires sont disponibles en ligne sur le site de la mairie, a rappelé l'équipe municipale.

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