PMA, retraite, loi santé : ce qu'il faut retenir du discours d'Edouard Philippe

13/06/2019 Par Yvan Pandelé
Politique de santé
Édouard Philippe a livré mercredi 12 juin son deuxième discours de politique générale, censé ouvrir "l'acte II" du mandat d'Emmanuel Macron. Santé, dépendance, retraite et bioéthique : le Premier ministre a précisé le calendrier et les grandes lignes de l'action du gouvernement. Et rassuré ses troupes sur l'extension de la PMA.   

C'était l'occasion pour le Premier ministre de donner une impulsion à "l'acte II" du quinquennat, après les bons résultats aux européennes et l'absence – remarquée – de remaniement. Mercredi 12 juin, devant les députés, Édouard Philippe a exposé pendant plus d'une 1H15 les grandes lignes de son action politique. Retour sur les volets santé et social de son discours de politique générale.   Loi de santé : le "défi de l'exécution" La loi de santé vient d'être (largement) votée au Sénat, et son adoption définitive dans les semaines à venir ne fait guère de doute, après un examen en commission mixte paritaire le 20 juin. "C'est une grande loi de transformation", s'est félicité Édouard Philippe, dans ce qui ressemblait à un coup de chapeau à Agnès Buzyn. "Le défi sera celui de l'exécution : nous serons au rendez-vous." Le Premier ministre en a profité pour évoquer le mouvement de grève des urgences. "Nous sommes tous choqués par ces images d'urgences saturées, de brancard qui s'empilent dans les couloirs, de professionnels qui enchaînent les heures et les patients", a-t-il énoncé, avant de rappeler que la ministre avait "apporté des premières réponses pour mieux reconnaître l'engagement des professionnels de santé". Des "premières réponses" qui en appelleraient d'autres ? Si la formulation est ambiguë, aucune information n'a filtré à ce jour sur d'éventuelles nouvelles concessions aux grévistes. Mais le collectif Inter-Urgences doit être reçu par le cabinet d'Agnès Buzyn dans les jours à venir. "Pour l'heure, j'en appelle au sens des responsabilités – et il est immense – de tous les professionnels de santé publics et privés pour se rassembler autour des directeurs d'ARS afin de coordonner leur présence estivale et d'anticiper les points de tension à venir", a ajouté le locataire de Matignon.

  Dépendance : "un des grands défis de notre société" Prochain gros dossier sur le bureau d'Agnès Buzyn : la loi sur la dépendance Rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est la confirmation que le projet sera présenté "à la fin de l'année" (on évoque octobre) par les services du ministère. "Dès le prochain PLFSS, nous enclencherons une prochaine étape avec des mesures favorisant le maintien à domicile et des investissements dans les Ehpad", a annoncé le Premier ministre, qui évoque "un autre grand marqueur social [du] quinquennat". Les grandes lignes de la réforme dépendance ont déjà été dévoilées : favoriser le maintien à domicile pour les personnes âgées qui le souhaitent, revaloriser les métiers du grand âge, diminuer le reste à charge pour les familles et recruter massivement dans les Ehpad. Grande inconnue : le financement de ce plan, évalué à quelque dix milliards d'euros par an. Une incertitude que le Premier ministre s'est bien gardé de lever.   Retraite : "temps" et "souplesse" Autre dossier brûlant, celui de la réforme des retraites. Après plus d'un an de concertation, le Haut-commissaire en charge du chantier, Jean-Paul Delevoye, doit remettre ses conclusions en juillet. Avec quelques "principes simples", a rappelé le Premier ministre : des règles identiques pour tous (mise à plat des régimes spéciaux), un système plus redistributif, et l'engagement de maintenir un montant minimum : 85 % du Smic pour les personnes ayant cotisé toute leur vie. Édouard Philippe a confirmé le maintien d'un âge de départ de principe à 62 ans, mais qui se doublera d'un "âge d'équilibre" assorti "d'incitations à travailler plus longtemps". Comprendre : un âge minimum pour partir avec une retraite à taux plein, pressenti à 64 ans.   Bioéthique : l'extension de la PMA au Parlement fin septembre C'était la grande inconnue : l'extension de l'aide médicale à la procréation à toutes les femmes, pourtant défendue par Emmanuel Macron lors de sa campagne. Malgré les affirmations répétées du Gouvernement, de plus en plus de voix s'inquiétaient, y compris au sein de la majorité, d'un éventuel report sine die de la mesure, sensible et difficile à insérer dans un calendrier parlementaire chargé. Édouard Philippe a rassuré ses troupes, déclenchant des applaudissements nourris dans les rangs de LREM : le projet de loi "est prêt" et "sera adopté en conseil des ministres fin juillet". De quoi permettre une discussion au Parlement "dès la fin de septembre", juste avant le vote du budget. "Sur certaines questions, comme l'accès aux origines, le régime de filiation en cas de PMA avec tiers-donneur, plusieurs options sont possibles, et le Gouvernement a retenu celles qui lui semblaient les plus à même de permettre un débat apaisé", a-t-il ajouté, quelque peu sibyllin. Un débat que le Premier ministre a souhaité "serein, profond, sérieux", et placé sous l'égide de trois femmes ministres : Agnès Buzyn, Nicole Belloubet (Justice) et Frédérique Vidal (Enseignement supérieur, recherche et innovation). Façon d'éviter de rejouer l'épisode du mariage pour tous, défendu par la très clivante Christiane Taubira au risque d'attiser les résistances ?

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