
Proposition de loi Garot : échec d'une réunion "extraordinaire" au ministère, médecins et étudiants prêts à descendre dans la rue
Lundi soir, le ministre de la Santé a réuni en urgence les représentants des médecins libéraux, des étudiants et les députés du groupe transpartisan pour leur proposer de mettre en place un groupe de travail et construire un projet de loi sur l'accès aux soins qui fasse consensus. Offre rejetée par Guillaume Garot, qui tient à l'examen de sa proposition de loi. Les médecins se disent prêts à "aller au clash".

Alors que les députés de la commission des Affaires sociales doivent examiner mercredi la proposition de loi qui instaure une régulation de l'installation et rétablit l'obligation de garde des médecins libéraux, Yannick Neuder a convoqué lundi soir une réunion "extraordinaire" entre les représentants des médecins et étudiants en médecine d'une part, et des députés du groupe transpartisan contre les déserts médicaux, d'autre part. "En 24 heures, il a réuni tout le monde, le ban et l'arrière-ban de la médecine libérale : les jeunes, tous les syndicats de médecins libéraux, l'Ordre", rapporte le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML.
Redoutez-vous le rétablissement de l'obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires?

Nathalie Hanseler Corréard
Oui
Retraitée depuis la Covid. Mon vécu : ayant fait des semaines de 70H (5,5 J/sem) près de BX avec 4 gardes par an, puis déménagé à ... Lire plus
Objectif du ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins : tenter une ultime médiation entre deux camps opposés et temporiser sur des mesures coercitives jugées contre-productives. L'après-midi même, plusieurs syndicats de médecins libéraux avaient d'ailleurs boycotté une table-ronde organisée à l'Assemblée par Guillaume Garot.
Prenant la parole tour à tour, les représentants des médecins et des étudiants ont "expliqué une fois de plus à Monsieur Garot que sa loi était dangereuse, que les jeunes allaient aller s'installer à l'étranger ou feraient complètement autre chose", relate la Dre Sophie Bauer, présidente du SML.
Neuder a proposé de mettre la PPL Garot en "stand-by" pour entamer des négociations
De son côté, Yannick Neuder a proposé "une espèce de moratoire" de deux mois sur la PPL Garot, informe Jérôme Marty. "Le ministre a proposé qu'on mette la loi un peu en standby, et qu'on reparte en négociation pour essayer d'écrire quelque chose qui conviendrait à tout le monde sur l'accès aux soins. Garot s'est arcbouté, il a dit que sa loi suivrait son processus législatif."
"Il faut respecter le temps parlementaire", justifie de son côté le député socialiste de Mayenne. "C'est normal que les parlementaires se saisissent d'une question aussi importante, surtout dans une démarche transpartisane, au-delà des clivages politiques", insiste-t-il auprès d'Egora. "Il y a le temps de la discussion, des amendements, des enrichissements, des améliorations, des corrections", promet-t-il. Le député a fait un premier pas en direction des libéraux en leur assurant qu'il allait porter un amendement étendant la régulation à l'installation… aux médecins salariés.
"On ira au clash"
"Monsieur Garot n'a que des mauvaises solutions, lance Sophie Bauer. La régulation à l'installation, ça n'a fonctionné nulle part, même en France les autres professions qui sont régulées sont moins bien réparties que les médecins, argumente la présidente du SML. Mais il ne veut pas en démordre." "C'est du populisme électoral, ils répondent en court-termisme sans se soucier des conséquences", fustige Jérôme Marty.
"Les syndicats les ont prévenus que si ça continuait comme ça, les médecins et étudiants iraient dans la rue. Je rappelle que les internes c'est 40% des médecins hospitaliers quand même", prévient Sophie Bauer. "S'ils veulent mettre toute la médecine dans la rue, libre à eux, lance Jérôme Marty. On ira au clash."
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