Alors que Sanofi a évoqué la possibilité de réserver la primeur d'un éventuel vaccin contre le Covid-19 aux Etats-Unis, l'idée provoque une série de réactions indignées et pousse à réagir Bruxelles comme le Gouvernement français. "Le vaccin contre le Covid-19 doit être un bien d'utilité publique et son accès doit être équitable et universel", a déclaré ce jeudi 14 mai un porte-parole de la Commission européenne, Stefan de Keersmaecker, au lendemain de propos tenus par Sanofi. Pour le Premier ministre français, Edouard Philippe, "l'égal accès de tous au vaccin n'est pas négociable". Mercredi 13 mai, le groupe pharmaceutique avait, en effet, prévenu qu'il réserverait éventuellement aux Etats-Unis la primeur d'un éventuel vaccin contre le Covid-19. Et ce, parce que les autorités américaines ont investi dans son développement. Dans un entretien à l'agence Bloomberg, le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, indique en effet que les Etats-Unis pourraient bénéficier d'une avance de plusieurs jours ou semaines. Ces déclarations ont suscité une vague de réactions dans le monde politique français. Le chef de file des socialistes, Olivier Faure, a dénoncé les "jeux du marché", évoquant le bien-fondé d'une nationalisation. De son côté, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a appelé au "patriotisme économique", indiquant que Sanofi "n'est plus une entreprise française". 60% des actionnaires du groupe sont des investisseurs étrangers. Face à ces réactions indignées, la secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre de la Santé, Olivier Véran, ont assuré avoir contacté Sanofi et obtenu la garantie qu'un vaccin serait accessible à tous. Depuis mercredi soir, le groupe martèle également qu'il n'y a aucune inquiétude à avoir quant au fait que certains pays seraient privés de ce traitement.
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Conseil scientifique, regrettant toutefois de devoir systématiquement accéder à une "préférence nationale" aux Etats-Unis. En effet, Sanofi n'exclut toujours pas l'éventualité de distribuer d'abord un vaccin aux Etats-Unis et, seulement ensuite, dans les autres pays et l'Europe. Responsabilités européennes Dans un entretien à BFMTV, Olivier Bogillot, directeur du groupe pour la France, a promis que "l'objectif, c'est que le vaccin soit disponible à la fois aux USA en France et en Europe de la même manière". Assurant toutefois que cela sera possible "si les Européens travaillent aussi rapidement que les Américains", a-t-il précisé. Le responsable a ainsi renvoyé les autorités européennes à leurs responsabilités, alors que les Etats-Unis ont déjà promis plusieurs centaines de millions d'euros et facilité les démarches réglementaires pour permettre les recherches. "Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l'UE soit aussi efficace en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin", a insisté Olivier Bogillot. Ce dernier a par ailleurs indiqué être en "pourparlers" avec les autorités européennes ainsi que des pays comme la France et l'Allemagne. Lors de son déplacement à Lyon ce jeudi, Olivier Véran a, à ce titre, expliqué travailler à une "alliance" avec d'autres états européens pour faciliter le développement d'un vaccin. Enfin, le responsable de Sanofi a confirmé qu'il tablait toujours sur un vaccin prêt d'ici à 18 à 24 mois. En temps normal, "développer un vaccin, ça prend dix ans", "on essaie d'accélérer toutes les phases". L'Agence européenne des médicaments a, elle, évoqué un possible vaccin d'ici un an, bien qu'il s'agisse du scénario le plus optimiste dans la course aux vaccins.
Olivier Bogillot (président de Sanofi France): "Développer un vaccin prend dix ans, on a le challenge de le faire en 24 mois" pic.twitter.com/aVk5h23uTl
— BFMTV - Matinale (@PremiereEdition) May 14, 2020
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