La maladie ulcéreuse de l’estomac augmente le risque de cancer gastrique mais comme le révèle une étude chinoise publiée dans la revue Gut, une consommation au long cours d’un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), classe thérapeutique de référence dans le traitement de la maladie ulcéreuse, assez paradoxalement, doublerait le risque de cancer de l’estomac.
Un tel lien avait déjà été établi dans des études antérieures mais sans qu’une relation directe entre la consommation d’un IPP et le cancer gastrique soit établie, une autre hypothèse rattachant ce cancer à Helicobacter pylori. Dans cette étude citée en référence, les auteurs ont travaillé sur une population de 63 397 patients dont 153 (0.24%) ont développé un cancer gastrique durant le suivi, d’une durée moyenne de 7.6 années. Les patients inclus dans cette étude avaient tous bénéficié d’une trithérapie antiulcéreuse anti-Helicobacter pylori, associant donc un IPP et deux antibiotiques tels que clarithromycine et amoxicilline durant 7 jours. Par la suite, certains de ces patients ont eu recours à une consommation prolongée soit d’un IPP (n=3271), soit d’un antiH2 (n=21.729), la durée moyenne de cette consommation étant de 3 ans. Parmi les 153 patients chez qui un cancer gastrique a été diagnostiqué, aucun n’était positif pour Helicobacter pylori. Mais on retrouvait chez eux une symptomatologie de gastrite chronique, ayant justifié cette consommation au long cours d’un IPP ou d’un antiH2. L’analyse des résultats montre que les patients sous IPP au long cours avaient plus qu’un doublement du risque de développer un cancer gastrique : HR = 2.44 (IC 95% = 1.42 à 4.20), alors que les patients sous antiH2 n’avaient pas d’augmentation du risque (HR 0.72, 0.48 à 1.07). Ce sur-risque sous IPP était corrélé à la durée de la consommation ; ainsi, le risque était multiplié par plus de 8 en cas de consommation de plus de 3 ans (HR = 8.34, 2.02 à 34.41) ! Ces résultats sont issus d’une étude observationnelle si bien qu’une relation de cause à effet ne peut être établie. Néanmoins, on se souvient que Helicobacter pylori, tout comme l’anémie de Biermer, créent une gastrite chronique atrophique, facteur de risque de cancer gastrique. Or la puissance antisécrétoire des IPP crée une achlorhydrie elle-même cause, au terme d’une longue période de consommation, de gastrite atrophique. Est-ce l’explication ? Cette relation de causalité reste à démontrer par de nouvelles études mais en attendant leurs résultats, il est prudent de s’abstenir de prescrire et de consommer des IPP au long cours.
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