Vaccination, masques, numérique… Ce "pognon de dingue" versé par le ministère de la Santé aux cabinets de conseil
Sept millions d'euros d'"assistance sur les travaux de représentativité et de prudhommie", 4 millions pour des "enquêtes de coûts dans des hôpitaux", 594 000 euros pour l'"enrichissement et l'accompagnement à la mise en œuvre du SI Vaccination"… Longtemps restées dans l'ombre, les missions des cabinets de conseil privés sont sous les projecteurs depuis les révélations, en janvier 2021, du site Politico sur le rôle de la société américaine McKinsey dans le pilotage de la campagne de vaccination contre le Covid et la publication, jeudi 17 mars dernier, du rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur l'influence des cabinets de conseils. Les travaux parlementaires ont mis au jour un "phénomène tentaculaire". "Les cabinets de conseil interviennent au cœur des politiques publiques, ce qui soulève deux principales questions : notre vision de l'Etat et de sa souveraineté face à des cabinets privés, d'une part, et la bonne utilisation des deniers publics, d'autre part", pointe le rapport. D'après les sénateurs, ces prestations de conseils ont représenté plus d'un milliard d'euros de dépenses en 2021, dont 893,9 millions pour les ministères et 171.9 millions pour un échantillon (10%) de 44 opérateurs. Le Monde, qui a enquêté de son côté, a recensé plus de 1600 contrats divers et variés depuis 2015, coûtant près de deux milliards d'euros. Si le recours au cabinet de conseil ne date pas d'hier, il aurait fortement augmenté sous le quinquennat Macron. Entre 2018 et 2021, les dépenses de conseil des ministères ont "plus que doublé", souligne le rapport de la commission d'enquête du Sénat, qui signale une augmentation de 45% en 2021. Dans le domaine de la santé, trois cabinets privés se taillent la part du lion, d'après le rapport : McKinsey, "clef de voûte de la campagne vaccinale" contre le Covid, qui a récolté 12.3 millions d'euros durant la crise sanitaire, Citwell, sollicité pour l'approvisionnement en masques et autres équipements de protection individuelle (6.80 millions d'euros), et Accenture, "architecte des systèmes d'information", notamment du pass sanitaire (5.34 millions). Toujours d'après le rapport sénatorial, 1.57 million d'euros de prestations de conseil ont été facturées par Eurogroup pour la réorganisation du service de santé des armées et 1.2 million par Accenture et McKinsey pour l'"évaluation de la stratégie nationale de santé". Plusieurs couteuses prestations (entre 400 et 800 000 euros chacune) ont enfin été commandées en lien avec le Ségur de la santé, notamment pour le déploiement du numérique en santé. [avec LeMonde.fr]
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