Alors que la France affrontera cet après-midi l'Uruguay en quart de finale de la Coupe du monde, des études de la FIFA montrent que les anti-inflammatoires sont très utilisés pendant ce type de compétition. Un phénomène connu au-delà du football, du monde amateur jusqu'au haut niveau, mais pas anodin pour la santé des sportifs.
Selon l'une des études du centre de recherches médicales de la FIFA (F-MARC) parue en 2015 dans le British Journal of Sports Medicine, 69% des joueurs adultes masculins ont pris un traitement médical durant les Coupes du monde entre 2002 et 2014, dont des anti-inflammatoires non-stéroïdiens pour la moitié d'entre eux. Et plus d'un tiers des joueurs a consommé ces anti-inflammatoires avant chaque match, relève l'étude. Il peut s'agir par exemple de diclofénac, le composant du Voltarène, ou de l'ibuprophène. Pas plus pour les blessés que pour les non blessés "Ce qui nous a marqué, c'est que nous n'avons pas trouvé de corrélation entre la prise du médicament et le fait de jouer ou d'être sur le banc. Les joueurs blessés n'en recevaient pas plus que les non blessés", et "on n'en a pas plus à la fin plutôt qu'au début du tournoi", explique l'auteur principal de l'étude, le Dr Philippe Tscholl, médecin du sport et chef de clinique aux Hôpitaux universitaires de Genève. Interrogé par l'AFP, le directeur médical de la FFF, Emmanuel Orhant énumère les cas où c'est utile: les hématomes liés à un coup, une lésion à un ligament ou un tendon. "Une réaction inflammatoire se créé pour nettoyer une zone malade ou abimée. Et cette inflammation déclenche des phénomènes hormonaux et neurologiques créant une douleur", expose-t-il. "L'organisme, pour éviter d'aggraver les choses, met des seuils en disant "il ne faut pas forcer dessus puisqu'on est en train de réparer". L'anti-inflammatoire va permettre de nettoyer un peu mieux la lésion", ajoute-t-il. "Mais pour calmer les douleurs musculaires comme des courbatures, ce n'est pas indiqué", prévient Emmanuel Orhant. "Solution de facilité" Pour Philippe Tscholl, des prescriptions à de telles fréquences trahissent quelque chose de plus que les traitements, plutôt "une habitude" et "une solution de facilité". Dans le cas d'une équipe, lors de l'édition de 2002, tous les joueurs de l'effectif en ont consommé du début à la fin de l'édition, relève-t-il. "Leur utilisation est si fortement ancrée dans les vestiaires à l'heure actuelle que pour la plupart des joueurs, il s'agit d'un geste aussi machinal que de lacer leurs chaussures avant le match", s'inquiétait déjà la FIFA lors d'une opération de prévention en 2012. Or, les effets secondaires ne sont pas absents. D'abord sur le système gastrique. Mais pour Philippe Tscholl, il y a aussi un effet potentiel sur les blessures récurrentes et les rechutes. "Avec les AINS, on diminue le système de réparation et d'adaptation musculaire ou tendineux", résume-t-il. Ancien médecin de club, le Dr Orhant ne perçoit pas une surconsommation sur les terrains français. "Mais il y a des pays qui sont très anti-inflammatoires et il y a des pays qui sont très corticoïdes", le niveau au-dessus chez les antidouleurs, ajoute-t-il, disant l'avoir constaté en club avec des internationaux revenant de leur sélection à l'étranger. Produit dopant Certains militent pour un bannissement pur et simple de ces antidouleurs en compétition. "Il y a d'abord une raison éthique. On ne prend pas un médicament pour faire du sport", plaide Pierre Sallet, président de l'association Athletes for Transparency. Ce spécialiste en physiologie du sport et en dopage estime aussi que s'il y a une telle habitude avec les anti-inflammatoires, c'est qu'ils jouent un rôle dans l'amélioration de la performance, l'un des critères pour être classé comme produit dopant. Enfin, il souligne les potentiels effets néfastes sur les reins, notamment en situation de déshydratation. Mais le monde du sport fait de la douleur une composante du haut niveau. Le code médical du Comité international olympique (CIO) encadre d'ailleurs le droit des athlètes à être "soulagés de la douleur" et à recevoir des "traitements ayant un effet analgésique", s'ils ne présentent pas de risque pour la santé.
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