Médecins qui s’installent en zones médicales trop pourvues : déconventionnés. Ceux qui font trop de dépassements d’honoraires : déconventionnés. Les infâmes qui se dérobent à la recertification périodique : déconventionnés. Ceux qui font leurs journées, salle d’attente pleine : obligés d’ouvrir plus tôt et de fermer plus tard pour soulager les urgences, que leur laxisme coupable engorge…
Si vous en voulez d’autres – car il y en a d’autres –, il suffit de se reporter au dernier rapport de la Cour des comptes. Une mine. Rapporteur et principal inspirateur de cette attaque contre le monde libéral : Antoine Durrleman, président de chambre. Par le passé, conseiller protection sociale du président Jacques Chirac, puis de son Premier ministre Alain Juppé. Entre 1995 et 1997. Vous voyez ? Pas étonnant, dès lors, que l’inspirateur des ordonnances sur la Sécurité sociale de 1995, qui obligèrent les médecins libéraux à payer un impôt exceptionnel pour résorber le déficit de l’assurance maladie, et coûtèrent la tête du Premier ministre, ressorte les mêmes recettes, comme la signature de toute une carrière. La Cour des comptes estime entre 0,8 et 3,2 milliards d’euros le montant du surcoût pour l’assurance maladie de la densité médicale excessive. Alors, plus malthusienne que Malthus, elle éradique, mais sans chéquier. Pour rappel, lesdites ordonnances de 1995 qui ont créé le Mica proposaient, en 1996, 250.000 francs de "prime à l’arrachage" pour tout médecin décidant de décrocher avant 56 ans… Avec le succès que l’on sait : certaines spécialités ont été "saignées", la pléthore d’hier s’est transformée en déserts aujourd’hui. Quant au déficit de l’assurance maladie, il va bien, merci. Antoine Durrleman a aussi été directeur de l’ENA. Conclusion : l’assurance maladie est une affaire humaine autant que comptable, éminemment politique. Le gouvernement a sèchement décliné les bons conseils de la Cour des comptes. On applaudit. Et on sourit.
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