Frais de scolarité "illégaux", matériels… Pourquoi les études de kiné sont toujours plus chères ?
La Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek) a publié, ce mercredi 4 septembre, son septième indicateur du coût de la rentrée. En moyenne, les apprentis kinés doivent débourser 6 701 euros pour leur année universitaire, soit 2,8% de plus qu'en 2023.
"Je dois voler dans les magasins, car les courses et […] les produits d’hygiène coûtent trop cher", "Je ne prends pas de vacances car ne pas travailler une semaine, c'est ne pas manger pendant deux mois", "La peur de l'échec se mélange [à] la pression financière de devoir financer mon redoublement"… Ces témoignages proviennent du dernier rapport sur le coût de la rentrée de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek), publié ce mercredi 4 septembre.
Cet indicateur, calculé pour la septième fois consécutive, prend à la fois en compte les frais spécifiques de rentrée supportés par les apprentis kinés, comme ceux de scolarité demandés par les IFMK*, ceux liés à la contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC) ou à la complémentaire santé, ainsi que les frais de vie courante.
Cette année, le coût de la rentrée pour un étudiant en deuxième année de kiné atteint 6 701 euros. C'est 2,8 % de plus qu'en 2023, et ce "malgré la régularisation des frais de scolarité illégaux exercés dans la majorité des IFMK publics" ordonnée par le Conseil d'Etat suite à un recours déposé par la Fnek. Cette hausse du coût de la rentrée est, en effet, liée à l'augmentation des frais de scolarité sur l'ensemble du territoire, "causée principalement par la privatisation des IFMK", note le rapport. Ces frais sont en hausse de 4,7% dans 16 instituts, dont 12 privés.
De fait, un étudiant kiné paye en moyenne 21 fois plus cher ses frais de scolarité par rapport aux autres études universitaires. Certains de ces futurs kinés déboursent jusqu'à 10 500 euros par an pour suivre leurs cours. Les frais de scolarité sont ainsi le premier motif d'emprunt pour ces étudiants et leur premier poste de dépenses pour la rentrée, insiste la Fnek.
Source : Fnek, 2024.
D'autant que ces apprentis kinés n'ont pas toujours le choix entre les instituts de formation publics et privés. "[Ils] doivent étudier dans leur IFMK de secteur sans choisir en fonction des différents statuts dans une autre ville", rappelle la Fnek. Au total, 53% des étudiants en kiné doivent donc se tourner vers le privé.
Des loyers en forte hausse
En France pourtant, 26 IFMK sont publics et demandent des frais de scolarité universitaires (fixés à 170 euros pour la licence et 243 euros pour le master) ; ce qui n'empêche pas certains frais illégaux d'exister, selon la Fnek. 22 IFMK sont, eux, privés.
Source : Fnek, 2024
A ces frais s'ajoutent d'autres dépenses spécifiques à la rentrée : elles représentent 5 466 euros cette année, soit 4% de plus que l'an dernier. Parmi eux, la CVEC, payée par toutes les personnes inscrites en formation initiale dans un établissement d'enseignement supérieur. Indexée sur l'inflation, elle est en hausse de 3%. Les frais liés à l'achat de matériels pédagogiques pour la rentrée, qui représentent en moyenne 439 euros par apprenti kiné, augmentent eux aussi de 0,8%. Tout comme les charges liées à la complémentaire santé, qui grimpent de 2,2% cette année (330 euros annuels en 2024, contre 323 euros en 2023).
L'indicateur de la Fnek s'intéresse aussi aux dépenses de la vie courante supportés par les étudiants. En 2024, leur montant moyen s'élève à 1 219 euros, soit 1,9% de plus qu'en 2023. "Cette augmentation est fortement influencée par la hausse du prix des loyers", dont le coût moyen est de 536 euros par mois, précise la fédération étudiante. En Ile-de-France, où ils sont les plus élevés, les prix des loyers sont en hausse de 0,7% cette année, contre +5,5% dans le reste de la France.
Source : Fnek, 2024
Pour la Fnek, l'ensemble de ces chiffres illustrent la "réalité difficile" à laquelle font face les étudiants en kiné. Il persiste, avant tout, une forte problématique autour des IFMK privés, "dont découle la commercialisation des études". "En effet, les frais de scolarité y sont exorbitants et leur hausse reste non-réglementée", rendant l'accès aux études de kiné "de plus en plus compromis" et détériorant les "conditions d'études et la santé mentale" des étudiants, poursuit la fédération, qui craint pour l'avenir de la profession.
*Instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK).
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