"Bachotage", "sentiment d'injustice"… La réforme de la Paces n'a pas tenu ses promesses, déplorent les étudiants

01/03/2024 Par Aveline Marques
PASS/LAS
Trois ans après la mise en place des filières Pass et LAS*, la Fage et les fédérations d'étudiants en santé ont dressé un bilan "alarmant" de la mise en place de la réforme de l'entrée en études de santé. Non seulement les travers de la Paces sont loin d'avoir été tous corrigés mais de nouvelles inquiétudes ont émergé, notamment sur le "niveau académique" des étudiants de 2e année.

  Dès novembre 2020, un premier rapport alertait sur les problèmes posés par la réforme de l'entrée en études de santé (REES) et listait les nécessaires "rectifications". Trois ans après, force est de constater que les choses n'ont presque pas évolué et que les demandes des étudiants "n'ont toujours pas trouvé de réponse". "Le temps aura permis de confirmer les échecs prévisibles que nous avions", assènent la Fage et six fédérations étudiantes représentant les futurs médecins, pharmaciens, sages-femmes, kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes, dans un second rapport sur le sujet, issu d'une enquête menée dans 36 universités, publié ce jeudi 29 février.

Un constat d'autant plus inquiétant que ces dernières années, un nombre important de places sont restées vacantes en deuxième année de pharmacie et de maïeutique. "Chaque étudiant que nous perdons aujourd'hui représente un professionnel en moins pour demain au service du patient", insistent les auteurs.   Qualité de l'enseignement moins bonne en LAS Alors que la réforme visait à en finir avec le "gâchis humain" d'un échec en Paces en favorisant les réorientations, l'objectif est loin d'être atteint. Bien qu'au moins 250 "mineures" différentes sont proposées en Pass et 357 "majeures" en LAS, certains parcours proposés "manquent cruellement de pertinence" et induisent "des inégalités d'exigence entre les formations". "Faute de places disponibles" (à Nantes par exemple, seulement 40 places en LAS psychologie pour 1881 candidats), une partie des étudiants se retrouvent dans une formation "par défaut". La qualité d'enseignement est moins bonne en LAS qu'en Pass, pointent les organisations étudiantes : l'enseignement de la mineure santé s'y fait exclusivement en distanciel dans 41% des établissements et la filière compte "deux fois moins de séances en groupes restreints".

Malgré la disparition du concours final à visée uniquement sélective, le "bachotage persiste" et "les compétences de raisonnement ne sont pas encouragées", constatent les organisations étudiantes. 75% des universités ne proposent toujours "qu'une ou deux modalités d'évaluation écrite", alors que la réforme devait les diversifier pour sortir du "tout QCM". Quant aux épreuves de second groupe, très souvent constituées d'oraux, elles ont pâti d'un manque de cadrage, qui génère chez les étudiants un "sentiment d'injustice". En décembre dernier, le Conseil d'Etat a laissé six mois au Gouvernement pour revoir sa copie. Le taux de passage en deuxième année d'études de santé pour les néo-bacheliers s'élevait en 2021-2022 à 29%, contre 16% en Paces en 2019. "Une hausse de réussite non négligeable après une première tentative est donc observée depuis la réforme." Toutefois, le taux de réussite est supérieur en Pass : 35%, contre 16% en LAS.

Par ailleurs, les étudiants de LAS qui sont finalement admis en études de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie ou kiné (MMOPK) ressentent des "difficultés", notamment en médecine "où dans 89% des universités une différence de niveau est observée entre les étudiants sortant de LAS et ceux issus de Pass", signalent les auteurs, qui réclament un référentiel national pour le programme de la mineure santé de LAS et un "réel accompagnement" des étudiants issus de ces filières admis en 2e année. Enfin, la diversification des parcours n'a pas mené à une diversification des profils puisque 54% des étudiants en 2e année de MMOP viennent d'un milieu social très favorisé.   *Pass : Parcours d'accès spécifique santé (majeure santé, mineure d'une autre discipline)
LAS : Licence avec accès santé (majeure d'une autre discipline, mineure santé)

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

Non

Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus

5 débatteurs en ligne5 en ligne
Photo de profil de Chir For Ever
367 points
Débatteur Renommé
Chirurgie générale
il y a 10 mois
Ils ont remplacé un concours simple et sélectif par 2 concours compliqués et sélectifs. Le nombre d'heureux élus n'a pas significativement augmenté, et le sentiment d'injustice est démultiplié. Tout
Photo de profil de Nicolas  Delestret
301 points
Débatteur Renommé
Psychiatrie
il y a 10 mois
Et les associations soit disant représentatives des étudiants qui regrettent que "le bachotage" soit encore nécessaire... Comme si supprimer l'effort, le travail intellectuel, le par cœur, la sélectio
Photo de profil de Lor 42
329 points
Débatteur Renommé
Neurologie
il y a 10 mois
une déconvenue de plus à la hollandie-macronie... Comment aurait-il pu en être autrement? Rappelez vous, ils avaient même décrété le tirage au sort pour accéder à la Paces !! Ces gens là sont trop hau
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6