"Bachotage", "sentiment d'injustice"… La réforme de la Paces n'a pas tenu ses promesses, déplorent les étudiants
Dès novembre 2020, un premier rapport alertait sur les problèmes posés par la réforme de l'entrée en études de santé (REES) et listait les nécessaires "rectifications". Trois ans après, force est de constater que les choses n'ont presque pas évolué et que les demandes des étudiants "n'ont toujours pas trouvé de réponse". "Le temps aura permis de confirmer les échecs prévisibles que nous avions", assènent la Fage et six fédérations étudiantes représentant les futurs médecins, pharmaciens, sages-femmes, kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes, dans un second rapport sur le sujet, issu d'une enquête menée dans 36 universités, publié ce jeudi 29 février.
Un constat d'autant plus inquiétant que ces dernières années, un nombre important de places sont restées vacantes en deuxième année de pharmacie et de maïeutique. "Chaque étudiant que nous perdons aujourd'hui représente un professionnel en moins pour demain au service du patient", insistent les auteurs. Qualité de l'enseignement moins bonne en LAS Alors que la réforme visait à en finir avec le "gâchis humain" d'un échec en Paces en favorisant les réorientations, l'objectif est loin d'être atteint. Bien qu'au moins 250 "mineures" différentes sont proposées en Pass et 357 "majeures" en LAS, certains parcours proposés "manquent cruellement de pertinence" et induisent "des inégalités d'exigence entre les formations". "Faute de places disponibles" (à Nantes par exemple, seulement 40 places en LAS psychologie pour 1881 candidats), une partie des étudiants se retrouvent dans une formation "par défaut". La qualité d'enseignement est moins bonne en LAS qu'en Pass, pointent les organisations étudiantes : l'enseignement de la mineure santé s'y fait exclusivement en distanciel dans 41% des établissements et la filière compte "deux fois moins de séances en groupes restreints".
Malgré la disparition du concours final à visée uniquement sélective, le "bachotage persiste" et "les compétences de raisonnement ne sont pas encouragées", constatent les organisations étudiantes. 75% des universités ne proposent toujours "qu'une ou deux modalités d'évaluation écrite", alors que la réforme devait les diversifier pour sortir du "tout QCM". Quant aux épreuves de second groupe, très souvent constituées d'oraux, elles ont pâti d'un manque de cadrage, qui génère chez les étudiants un "sentiment d'injustice". En décembre dernier, le Conseil d'Etat a laissé six mois au Gouvernement pour revoir sa copie. Le taux de passage en deuxième année d'études de santé pour les néo-bacheliers s'élevait en 2021-2022 à 29%, contre 16% en Paces en 2019. "Une hausse de réussite non négligeable après une première tentative est donc observée depuis la réforme." Toutefois, le taux de réussite est supérieur en Pass : 35%, contre 16% en LAS.
Par ailleurs, les étudiants de LAS qui sont finalement admis en études de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie ou kiné (MMOPK) ressentent des "difficultés", notamment en médecine "où dans 89% des universités une différence de niveau est observée entre les étudiants sortant de LAS et ceux issus de Pass", signalent les auteurs, qui réclament un référentiel national pour le programme de la mineure santé de LAS et un "réel accompagnement" des étudiants issus de ces filières admis en 2e année. Enfin, la diversification des parcours n'a pas mené à une diversification des profils puisque 54% des étudiants en 2e année de MMOP viennent d'un milieu social très favorisé. *Pass : Parcours d'accès spécifique santé (majeure santé, mineure d'une autre discipline)
LAS : Licence avec accès santé (majeure d'une autre discipline, mineure santé)
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