Cette absence ou ce retard de prise en charge peut présenter un réel danger pour les malades, mais aussi pour les médecins qui doivent assurer la continuité des soins et parfois même prendre les devants en interrogeant leurs patients les plus fragiles pour éviter une rupture des soins qui pourrait leur être préjudiciable. Dans un communiqué du 3 avril, l’Académie nationale de médecine rappelle les dangers des interruptions de traitement sans avis médical, la consultation du médecin traitant ou du spécialiste s’imposant, notamment avant d’envisager toute modification. De son côté, l’Ordre est très attentif à ce que la crise sanitaire engendrée par la pandémie au Covid-19 « ne s’accompagne d’une autre crise, silencieuse celle-ci, en rapport avec une forte croissance de la morbi-mortalité des affections au long cours et d’affections aigües qui justifient pleinement d’une prise en charge médicale sans délai ».
La continuité des soins de ces malades, pour l’instant non atteints par le coronavirus, mais porteurs de pathologies lourdes, doit être maintenue, pour éviter aggravations et décompensations pendant cette période de crise et une fois celle-ci passée. Plusieurs raisons peuvent expliquer la baisse significative d’activité de certains cabinets...
d’abord leur fermeture pour des raisons de sécurité ou parce que le professionnel de santé est lui-même contaminé, ensuite les mesures de confinement assorties de fortes restrictions aux déplacements qui peuvent inciter des patients à retarder une demande de consultation ou de visite. La crainte de la contagion est dans tous les esprits, les malades préférant attendre plutôt que de prendre le moindre risque, étant eux-mêmes fragilisés par leur propre état de santé. Face à cette situation inédite, les pouvoirs publics ont mis en place des solutions palliatives pour permettre à des patients présentant des troubles ne relevant ni du Covid-19 ni d’une situation d’urgence, d’avoir accès à un avis médical, en facilitant la téléconsultation, voire même les consultations sur appel téléphonique. Eviter toute perte de chance Le non-respect de ces recommandations comme le refus de suivre les conseils thérapeutiques de son médecin, en ayant recours à l’automédication ou en utilisant de manière inappropriée un traitement par un dépassement ou une réduction intentionnelle des doses prescrites, pourrait faire peser sur un patient une responsabilité personnelle, aucune faute ou négligence ne pouvant alors être imputée au soignant.
Il pourrait en être autrement pour des malades chroniques aux pathologies lourdes amenés à contacter leur médecin qui, par manque de réactivité, ne les aurait pas incités à consulter selon les modalités mises en place à son cabinet ou dans une structure adaptée. Il peut ainsi être conseillé de contacter ses patients, notamment âgés, les plus fragiles ou ceux dont la pathologie nécessite un suivi particulier et attentif, en leur proposant, si cela reste possible, un rendez-vous, une éventuelle téléconsultation, ou d’avoir recours à un service d’urgences approprié si leur état devait se dégrader. Ces mesures de bon sens permettront d’éviter toute perte de chance pour les malades et une plus difficile mise en cause de la responsabilité d’un praticien. Seule une attitude désinvolte, négligente, de désintérêt majeur pourrait être reprochée à un professionnel de santé dans ces circonstances si particulières.
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