Les taux de survie liés aux cancers augmentent globalement dans le monde, - même pour les tumeurs ayant les pronostics les plus sévères. Cependant ces progressions restent très inégales en fonction des pays.
C’est ce qui ressort d’une étude publiée mercredi dans la revue Lancet, nommée Concord-3, qui a analysé les évolutions des taux de survie liés à 18 cancers, dans 71 pays (soit les deux tiers de la population mondiale), entre 2000 et 2014. Au total, l’étude a concerné 37,5 millions de malades ayant eu un diagnostic de cancer pendant cette période. Pour la plupart des cancers, les survies les plus élevées sont retrouvées aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, et Nouvelle-Zélande, et en Europe en Finlande, Islande, Norvège et Suède. Cependant, par exemple, si le taux de survie à 5 ans du cancer du sein atteint 90,2% aux Ets-Unis, il n’est que de 66,1% en Inde. En cas de tumeur cérébrale chez un enfant, "la survie à cinq ans est deux fois plus élevée au Danemark et en Suède (environ 80%) qu'au Mexique et au Brésil (moins de 30%)", ont relevé les auteurs. De même, la leucémie aiguë lymphoblastique tue plus de 40% des enfants atteints en Chine, au Mexique ou en Équateur, mais moins de 10% aux États-Unis, au Canada et dans neuf pays d'Europe de l'Ouest. Les pays qui ont la plus grande efficacité thérapeutique pourraient donc servir d'exemples pour abaisser, entre autres, le bilan de 100 000 enfants victimes chaque année dans le monde, suggèrent les auteurs de l’étude. En particulier, l'Asie du Sud-Est, le Japon et la Corée du Sud sont en pointe contre les cancers de l'estomac, ce qui semble dû à "des programmes d'examens endoscopiques sur certaines populations depuis longtemps". Parmi les pays qui auraient intérêt à s'inspirer de ce modèle, figure la Russie, "où les cancers gastro-intestinaux sont un énorme problème de santé publique". À l'inverse, l'Asie du Sud-Est est en retard sur le mélanome, "ce qui reflète peut-être une moindre prise de conscience de l'opinion et une prévalence plus forte d'un sous-type mortel (le mélanome acral lentigineux)", d'après les chercheurs. Ces derniers déplorent que les données soient très incomplètes. "Sachant les milliards de dollars investis dans la recherche chaque année, le fait qu'un besoin universel pour tous les pays (une analyse des statistiques du cancer à partir de registres nationaux et régionaux, ndlr) ne soit pas satisfait traduit à la fois une visée politique de court terme et des priorités mal placées", a estimé l'oncologue britannique Richard Sullivan.
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