EASD 2017 : l’acarbose pourrait freiner la survenue d’un diabète chez les sujets prédisposés

06/10/2017 Par Marielle Ammouche
Diabétologie

L’étude ACE souligne l’absence de bénéfice cardiovasculaire de cet ancien antidiabétique, mais met en évidence l’intérêt de ce traitement dans la prévention du diabète chez des sujets à risque.

  A l’instar de la metformine, l’acarbose (glucor, laboratoire Bayer) pourrait bien recouvrer une deuxième jeunesse. Cet inhibiteur de l’alpha-glucosidase, sur le marché depuis les années 1990, agit localement au niveau intestinal en retardant et en diminuant l'absorption des glucides complexes, comme le saccharose ou l'amidon. De nouvelles données pourraient apporter un regard nouveau sur ce produit ancien. L’étude en question, dénommée Acarbose Cardiovascular Evaluation (ACE), est un essai de phase 4 randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, qui a été mené en Chine dans 176 établissements hospitaliers. Dans ce pays, en effet, comme dans d’autres pays d’Asie, l’acarbose en encore largement utilisée, contrairement à ce qui est observé dans les pays occidentaux. Les patients, tous intolérants au glucose (sur le test de provocation oral) et présentant une maladie coronaire, recevaient soit l’acarbose (50mg trois fois par jour), soit un placebo. L’objectif principal de l’étude était l’évaluation du risque de morbimortalité cardiovasculaire avec un critère primaire composite (décès d’origine cardiovasculaire, infarctus du myocarde, AVC non fatals, hospitalisation pour angor instable ou insuffisance cardiaque). En outre, dans cet essai, les auteurs ont aussi étudié la fréquence de survenue d’un diabète chez ces sujets prédisposés.  

Pas de protection cardiovasculaire

  Au total, 6522 patients ont été randomisés entre mars 2009 et octobre 2015. La médiane de suivi a été de 5 années dans les deux groupes. Au terme de ce suivi, les résultats ont montré qu’il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes concernant le risque cardiovasculaire. Ainsi, 470 sujets ont présenté une affection du critère primaire dans le groupe acarbose (14%), contre 15 % dans le groupe placebo (HR=0,9 ; 95% IC 0,86-1,11 ; p=0,73). Aucun effet positif n’a, non plus, été observé concernant les décès toutes causes. Pour les auteurs, ces données montrent l’absence de protection cardiovasculaire de l’acarbose dans cette population.  

Une réduction de 18%

 

En revanche, un effet positif a été mis en évidence dans la survenue d’un diabète. Ainsi, l’incidence de la maladie était réduite de 18% chez les sujets du groupe acarbose par rapport au groupe placebo, au bout de 4,4 années de traitement en moyenne. Cela correspond à la survenue d’un nouveau diabète chez 13 % des sujets du groupe acarbose, contre 16 % dans le groupe placebo (HR=0,82 ; 95% IC 0,71-0,94 ; p=0,005). Cet effet significatif reste cependant modeste, pour certains experts qui soulignent la nécessité d’autres interventions – et notamment sur le mode de vie-  pour tenter de prévenir un diabète. Enfin, l’étude confirme la bonne tolérance de l’acarbose ; les effets indésirables les plus fréquents étant des troubles gastro-intestinaux. Les résultats de l’étude ACE ont été simultanément présentés au congrès de l’EASD et publiés dans The Lancet Diabetes ans endocrinology, le 13 septembre dernier.

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