Hidradénite suppurée : du nouveau pour mieux la diagnostiquer et la prendre en charge

04/06/2021 Par Alexandra Verbecq
Dermatologie
Souvent confondue avec d’autres affections dermatologiques, l’hidradénite suppurée (HS) est diagnostiquée tardivement. Pour faciliter sa prise en charge, le Centre de preuves en dermatologie a émis récemment des recommandations qui viennent vient d’être intégrées dans une application pratique accessible à partir du site de la Société française de dermatologie (SFD). Entretien avec le Dr Jean-François Sei, dermatologue et vénérologue à Saint-Germain-en-Laye et président du groupe de travail pour les recommandations sur la prise en charge de l’hidradénite suppurée (HS) ou maladie de Verneuil. 

 

Egora : Sur le plan épidémiologique, cette dermatose inflammatoire est-elle fréquente ? 

Dr Jean-François Sei : En France, nous avons identifié une prévalence de 0,15% avec une base de 20 000 personnes mais une autre étude indique 1%. Les formes relativement bénignes, bien qu’altérant la qualité de vie, représentent 70 à 80 % des HS tandis que les formes sévères restent minoritaires. Cette affection est plus fréquente chez les femmes avec un sex ratio de 3/1. 

 

Pourquoi cette affection est-elle diagnostiquée tardivement ? 

L’HS est insuffisamment connue : le délai est d’environ 8 ans entre le début de l’affection et son diagnostic. Elle se présente au départ sous la forme d'abcès. Le patient, qui a cette présentation aigüe, consultera le plus souvent les urgences. Un chirurgien incisera cet abcès et le patient repartira sans que le diagnostic de l’HS ne soit posé. Les abcès reviendront souvent, sous les aisselles ou à l’aine. Pendant une longue période, ils seront considérés comme des kystes sébacés infectés jusqu’au moment où un médecin fera le diagnostic d’une HS. 

 

Comment effectuer un diagnostic précoce?  

Il repose sur trois critères : des lésions élémentaires typiques, une évolution clinique typique (au moins deux poussées en 6 mois) et des localisations typiques (aisselles, aines, régions mammaires, fesses). En l’absence d’un diagnostic de l’HS, et malgré des incisions successives, les lésions peuvent continuer à...

faire trois ou quatre poussées par an, dans la même localisation, pendant plusieurs années. D’autre part, l’HS a une sémiologie assez fine. Par exemple, les comédons multipores ne se voient que dans cette affection. Nous pouvons espérer qu’en traitant précocement, les patients n’évoluent pas vers des formes sévères. Mais malheureusement, certains d’entre eux atteignent en six mois le stade trois avec de nombreuses cicatrices et la chirurgie devient le meilleur choix. À l’opposé, d’autres formes seront très progressives et stables sur des années. 

 

Quelles sont l’étiologie de l’HS et les pathologies associées ? 

La physiopathologie exacte n'est pas encore bien connue. Un tiers des cas sont liés à des facteurs familiaux génétiques prédisposant à des modifications de la réponse immunitaire locale qui entraînent une hyper inflammation. D’autres facteurs sont certainement hormonaux. Chez les femmes, nous recherchons toujours des troubles hormonaux. D’ailleurs, habituellement à la ménopause l’HS guérit. L’obésité et le tabagisme jouent également un rôle. L’HS peut être associée à d'autres pathologies inflammatoires comme les maladies inflammatoire chroniques de l’intestin (Mici) ou les spondylarthrites (SPA). Un trouble de la régulation de l’inflammation est certainement en jeu. 

 

Quelles nouveautés apportent vos recommandations ? 

Nous avons constitué un glossaire précisant la terminologie descriptive des lésions cutanées illustrées de nombreuses iconographies car le diagnostic de l’HS est purement clinique. Nous avons ensuite hiérarchisé les thérapeutiques possibles pour cette affection difficile à traiter. Les guidelines publiées énumèrent souvent une série de propositions thérapeutiques sans les adapter à la présentation clinique qui est très polymorphe. Nous avons donc créé un algorithme dont les entrées correspondent à cinq présentations cliniques différentes (stades de Hurley I, II, III, formes folliculaires, formes associées aux Mici ou SPA) avec pour chacune la proposition d’un schéma thérapeutique. Dans les formes folliculaires, nous prescrivons les rétinoïdes et dans les formes associées aux maladies inflammatoires, les anti-TNS qui sont également utilisés dans les formes typiques d’HS. Concernant les formes sévères (stades II et III), les prises en charge doivent être assurées par des équipes multidisciplinaires spécialisées dans la HS (dermatologues, chirurgiens, infectiologues, endocrinologues, psychologues… ). Cette maladie chronique impose une prise en charge prolongée et globale avec des stratégies thérapeutiques séquentielles. Elles vont permettre d'accompagner le patient au cours de sa pathologie avec des temps de traitements médicaux, des temps chirurgicaux, le tout enserré dans des temps de soutien psychologique, de traitement des comorbidités, d’accompagnement à l’amaigrissement ou au sevrage tabagique, de prise en charge de la douleur… 

 

À quoi sert l’application Chrono Reco ? 

Nos recommandations viennent d’être intégrés à cette application pratique de facilitation du diagnostic et du traitement accessible sur le site de la SFD (chronoreco.sfdermato.org). En fonction des données du patient, le médecin obtient rapidement une recommandation personnalisée. 

*Le Dr Sei déclare n’avoir aucun lien d’intérêt 

Faut-il prévoir deux stages en libéral pour tous les internes de spécialité ?

Michel Pailleux

Michel Pailleux

Oui

Ma collègue qui vient d'obtenir sa spécialité de MPR , et qui a pratiqué pendant plusieurs années la M.G. à la campagne, a suivi ... Lire plus

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