Les avis sur l’intérêt du traitement par les hormones thyroïdiennes en cas d’hypothyroïdie infra-clinique, cette forme fruste d’hypothyroïdie diagnostiquée sur une TSH élevée avec des hormones thyroïdiennes dans les valeurs normales, sont assez divergents. Dans le cas particulier des patients qui font un infarctus du myocarde et chez qui l’on découvre une hypothyroïdie infraclinique se pose la question de savoir si le traitement par les hormones thyroïdiennes peut améliorer, à terme, la fonction ventriculaire gauche. Pour répondre à cette question, une équipe anglaise a monté un essai en double insu, randomisé, dans 6 hôpitaux du Royaume-Uni. Les patients ayant fait un infarctus et ayant une hypothyroïdie infraclinique étaient ou non traités par lT4 à la dose initiale de 25 µg, titrée ensuite pour amener la TSH entre 0.4 et 2.5 mU/l (n = 46) ou par un placebo (n = 49). Le suivi a duré 1 an. Le critère d’évaluation principal était la fraction d’éjection du ventricule gauche à 1 an, évaluée par IRM cardiaque. Sur les 95 participants randomisés, d’âge moyen 63.5 ± 9.5 ans, dont 76 % étaient des hommes et 69 % avaient un infarctus du myocarde avec sus-décalage de ST, la TSH médiane initiale était de 5.7 mU/l (écart interquartile 4.8 à 7.3 mU/l), la T4 libre moyenne était de 1.14 ± 0.16 ng/dl. La fraction d’éjection ventriculaire gauche moyenne, avant traitement, dans le groupe lévothyroxine était de 51.3 % et est passée à 53.8 % à 52 semaines ; elle était de 54 % dans le groupe placebo avant traitement et de 56.1 % un an plus tard. La différence ajustée entre les groupes était de 0.76 % (IC 95 % = -0.93 % à +2.46 %, p = 0.37). Aucun des critères d’évaluation secondaire n’était différent entre le groupe thyroxine et le groupe placebo. Il y a eu 33.3 % d’événements secondaires cardiovasculaires dans le groupe T4 libre et 36.7 % dans le groupe placebo. En conclusion, cette étude montre que chez des patients ayant une hypothyroïdie infraclinique et faisant un infarctus du myocarde, le traitement par lT4 en comparaison du placebo n’améliore pas la fraction d’éjection ventriculaire gauche après 52 semaines. Il n’y a donc pas plus d’intérêt à mettre en route un traitement chez ces patients au moment de l’infarctus du myocarde qu’il n’y en a de manière générale.
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