La recherche d’un phéochromocytome est insuffisamment faite chez les 3 catégories de patients éligibles

13/06/2023 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
L’hypertension touche 1 adulte sur 2 aux Etats-Unis et jusqu’à 20 % des patients ont une hypertension résistante au traitement. Le phéochromocytome, même s’il est rare, est important à diagnostiquer car c’est une cause curable d’hypertension résistante. Ainsi, les recommandations préconisent de dépister le phéochromocytome chez les patients ayant une hypertension résistante, chez ceux qui ont une hypertension artérielle à début précoce et chez les patients ayant une hypertension en même temps qu’une masse surrénalienne.

Une vaste étude a été menée à l’Université du Michigan, à Ann Arbor, pour vérifier si ce screening était effectivement fait en pratique. Il s’agissait d’une étude rétrospective où l’on évaluait combien parmi les patients ayant une hypertension artérielle et vus en consultation dans un centre important et académique entre 2017 et 2020 étaient testés à la recherche d’un phéochromocytome. L’étude a porté sur les patients ayant une hypertension résistante au traitement, une hypertension survenue avant l’âge de 35 ans ou une hypertension avec masse surrénalienne. Sur les 203 635 patients ayant une hypertension qui sont venus consulter et qui ont été identifiés, si 71 088 (soit 35 %) avaient au moins un des critères d’inclusion dans l’étude, seuls 2 013 (soit 2.83 %) ont été testés à la recherche d’un phéochromocytome ! Les patients qui ont été testés étaient plus jeunes (56.2 ± 17.4 vs 64 ± 17.1 ans), étaient plus souvent des femmes (54.1 % vs 44.2 %), n’avaient jamais fumé (54.6 % vs 47.5 %) (p < 0.001 pour tout). Le taux de dépistage était le plus élevé chez les patients ayant une hypertension et une masse surrénalienne (51.7 % vs 3.9 %), chez les patients ayant une hypertension à début précoce et 2.4 % chez ceux qui avaient une hypertension résistante au traitement. En régression logistique multivariée, les odds ratios supérieurs pour le dépistage du phéochromocytome étaient chez les femmes (OR = 1.48 ; IC 95 % = 1.34 – 1.63), chez les noirs en comparaison des blancs (OR = 1.35 ; 1.19 – 1.53), chez les patients ayant une masse surrénalienne (OR = 55.1 ; 44.53 – 68.15), chez les patients ayant eu un accident vasculaire cérébral (OR = 1.34 ; 1.16 – 1.54), chez ceux ayant une dyslipidémie (OR = 1.41 ; 1.26 – 1.58), chez ceux ayant une insuffisance rénale chronique (1.40 ; 1.26 – 1.56) et des apnées obstructives du sommeil (1.96 ; 1.76 – 2.19). En conclusion, le dépistage du phéochromocytome n’est mené que chez environ la moitié des patients ayant un nodule surrénalien et une hypertension et beaucoup plus rarement chez les patients ayant une hypertension résistante au traitement ou dont l’hypertension a débuté avant l’âge de 35 ans, alors même les recommandations le préconisent de le faire de manière systématique chez ce type de patients. Comme pour les autres formes d’hypertension artérielle secondaire, le dépistage du phéochromocytome est fait plus souvent lorsque des complications graves apparaissent.

Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray

Fabien Bray

Oui

Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus

Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Podcast Médecine légale
"On a fait plus de 1400 autopsies" : le récit du légiste français qui a témoigné au procès de Milosevic
19/03/2025
0
Reportage Démographie médicale
"C'est de la vraie médecine générale" : en couple, ils ont quitté les urgences pour ouvrir un cabinet dans une...
19/03/2025
3
Enquête Démographie médicale
Y aura-t-il trop de médecins en France en 2035 ?
09/01/2025
18