Alors que l’élection présidentielle se profile, 18 associations et sociétés savantes, dont la Société de pneumologie de langue française (SPLF)*, lanceront le 6 septembre une consultation citoyenne sur la santé respiratoire. Elle donnera lieu à des recommandations, dont les politiques, trop peu sensibilisés à ce sujet, seront les premiers destinataires, explique le Pr Chantal Raherison*, présidente de la SPLF et pneumologue au CHU de Bordeaux. Egora-Le Panorama du Médecin : Qu’attendez-vous de cet appel à propositions ? En quoi peut-il faire avancer la cause de la santé respiratoire ? Pr Chantal Raherison : L’idée est d’aboutir à une approche transversale des maladies respiratoires. Il y a un effet d’émiettement des acteurs, qui les rend difficilement audibles des politiques. Pourtant, ces maladies présentent de nombreux points communs. Notre appel à contributions sera une première, la majorité des associations y ont répondu présent. Cet appel s’adresse aussi bien aux citoyens, aux patients, aux associations, aux aidants qu’aux professionnels de santé. Notre but est de faire émerger une prise de conscience collective. C’est peut-être une utopie, mais cela vaut le coup d’essayer ! Une restitution aura lieu début décembre lors des premiers Etats généraux de la santé respiratoire. Nous communiquerons sur ces propositions, dans l’idée d’interpeler les candidats à l’élection présidentielle. Et nous espérons bien une réponse !
Le Covid est une occasion inespérée de parler de santé respiratoire. Pourtant, le sujet a rarement été mis en avant lors de la crise… Cela fait un certain temps que la santé respiratoire n’est pas au cœur des préoccupations politiques. Ponctuellement, sur certaines maladies respiratoires, il y a eu des actions, mais elles n’ont pas été inscrites dans le temps. Dans le Covid, l’aspect respiratoire n’a pas été au premier plan, les personnes atteintes de ces maladies ont connu des difficultés à être reconnues comme vulnérables. Certes, la situation est difficile, personne n’a été confronté à cela auparavant. Mais il est dommage que toutes les compétences n’aient pas été entendues : il y a eu une bataille entre spécialités, les citoyens s’en sont d’ailleurs rendu compte sur les plateaux de télé. Les principales sociétés savantes auraient pu parler d’une voix commune. Les pneumologues ont l’habitude des...
insuffisances respiratoires aigües, on aurait pu gagner un peu de temps si on avait pu se concerter davantage. Désormais on parle de covid long, de séquelles respiratoires. Il faut tirer les conséquences de cette crise, car d’autres pandémies surviendront. En quoi la santé respiratoire vous semble-t-elle délaissée en France ? En matière de prévention, de prise en charge ? A tous les niveaux. Combien de personnes ont déjà mesuré leur souffle ? Tout le monde se pèse, se mesure, on prend sa tension artérielle, certains connaissent même leur glycémie, leur glycérol. Or on a une mesure simple qui permet de connaître son état respiratoire, dès l’âge de 6 ans. En France, on ne mesure le souffle que chez les gens malades.
En matière de prévention, toutes les maladies respiratoires diagnostiquées à l’âge adulte commencent dès le plus jeune âge. La plupart des maladies respiratoires sont environnementales : vous avez une prédisposition génétique que vous ne connaissez pas forcément, et là-dessus un agent, chimique, physique ou infectieux, va déclencher la maladie. En France, 10 millions de personnes sont déjà atteintes d’une maladie respiratoire, et le réchauffement climatique aura des effets néfastes. Que fait-on pour diminuer cela ? Les associations comptent des gens motivés, qui mènent déjà des actions de terrain. Il faut mettre en lumière ce qui marche à l’échelle territoriale, tout ne peut pas être centralisé. Certaine ARS, par exemple dans les Hauts de France, ont des...
actions pionnières sur le diagnostic et la prise en charge de la BPCO. Ces actions pourraient bénéficier à d’autres régions. Notre idée est de répertorier tout ce qui fonctionne, pour que les politiques aient une vision globale. Comment jugez-vous la politique anti-tabac ? Des actions ont été faites sous la gouvernance d’Agnès Buzyn. L’idée du mois sans tabac est importante, elle est maintenant ancrée dans la population française. Ce qui fonctionne, c’est la régularité : une action de prévention, ce n’est pas une fois de temps en temps. Le prix du paquet de cigarettes a par ailleurs augmenté, et c’est une bonne chose.
Etes-vous inquiète pour l’avenir de la pneumologie ? De nombreux pneumologues vont bientôt partir à la retraite. Cela fait des années que nous demandons une augmentation du nombre d’internes en formation en pneumologie. Face à l’explosion des pathologies respiratoires, il faut pouvoir s’organiser. Nous sommes très préoccupés par des zones qui deviendront des déserts médicaux, sans pneumologues. Si on augmentait les flux, on trouverait sans trop de difficultés des internes qui répondraient présent. *Association ADAAT, association Asthme et allergies, association De l’air !, association de perfectionnement post universitaire des pneumologues (APP), association Pierre Enjalran fibrose pulmonaire idiopathique (APEFPI), collège des enseignants en pneumologie (CEP), collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG), comité national contre les maladies respiratoires (CNMR), Coopération santé, Fédération française de pneumologie (FFP), Fondation du souffle, France BPCO, Réseau environnement Santé, Santé respiratoire France, Société de pneumologie de langue française (SPLF), Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie (SP2A), Syndicat national de l’appareil respiratoire (SAR), Vaincre la Mucoviscidose
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