Les dermatologues appellent à la vigilance concernant les traitements anti-poux

15/11/2019 Par Marielle Ammouche
Dermatologie
La Société française de dermatologie (SFD) souhaite attirer l’attention des patients et du grand public sur les traitements anti-poux, qui se sont multipliés ces dernières années, et ne bénéficient pas toujours du contrôle nécessaire.

  On trouve en effet ces produits en pharmacie, mais pas seulement. En outre, des centres privés dédiés aux traitements des poux se sont développés. Pour les dermatologues, ce domaine est devenu « un marché commercial important, échappant à l’évaluation thérapeutique sérieuse de certains produits et certaines stratégies thérapeutiques utilisés ». Ils souhaitent donc rappeler certains éléments importants, à commencer par le fait que seuls les sujets véritablement infestés (présence de poux vivants) doivent être traités, idéalement simultanément (famille, classe, …). Concernant la stratégie médicamenteuse, force est de constater que les moyens dont on dispose actuellement sont assez faibles, et non hiérarchisés. Ainsi, les insecticides ont acquis le statut de médicament antiparasitaire et bénéficient à ce titre d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). Cependant, ils ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale dans cette indication. Le malathion a été retiré du marché en 2018 suite à des restrictions d’indications. Enfin, les pyrèthres sont disponibles, mais associés à une possible résistance. La diméthicone, largement utilisée car jugée plus « écologique », est considérée comme un dispositif médical et non comme un médicament ; elle ne répond donc pas aux mêmes exigences réglementaires qu’un médicament. Il existe aussi d’autres produits « naturels » tels que les huiles essentielles. Cependant, leur efficacité « est souvent inférieure à celle des insecticides (dans les essais contrôlés randomisés) ou mal démontrée et les risques mal évalués ou peu connus », reconnait le (GR/Idist). Et pour le choix de la galénique, les experts recommandent de privilégier les lotions. Les shampoings doivent être abandonnés, « tandis que les sprays sont contre-indiqués dès lors qu’il y a un contexte d’asthme/bronchiolite asthmatiforme » ajoutent-ils. Autres techniques : les traitements physiques, comme le « Bug Busting » ou élentage répété après la mise en place d’un démêlant, et parfois associé à une source de chaleur, est très utilisé en Angleterre. Cependant, cette technique nécessite une excellente observance « car l’efficacité est corrélée à la répétition quotidienne pendant plusieurs jours », précise le GR/Idist. Concernant l’ivermectine per os, utilisé à double dose, les experts assurent qu’elle doit rester d’utilisation « exceptionnelle », réservée aux cas de résistances avérés, malgré un essai contrôlé randomisé montrant une efficacité supérieure au malathion lotion. Elle n’a pas l’AMM dans cette indication. Et son utilisation en local pourrait favoriser les résistances. Dans ce contexte, globalement assez flou, les dermatologues attendent beaucoup d’une revue systématique des traitements anti-poux, actuellement en cours de finalisation, et « qui devrait permettre de hiérarchiser en partie les choix thérapeutiques (et de servir de base à une éventuelle future recommandation) ». Ils concluent : « C’est dans ce contexte que fleurissent les entreprises fabriquant des produits anti-poux (non évalués pour l’essentiel avec la rigueur méthodologique des médicaments) et des salons anti-poux et lentes. Ils surfent sur le dégoût des familles pour ces parasites, la population touchée essentiellement pédiatrique, l’absence de prise en compte sérieuse de la pédiculose du cuir chevelu par les autorités de santé et les médecins (tant pour les sujets infestés que pour les lieux de vie comme les crèches ou les classes), la facilité de l’autodiagnostic et de l’accès aux « traitements » proposés, souvent avec un marketing poussé en rapport avec les enjeux financiers ».

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Michel Lemariey-Barraud

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