Les promesses d’une rétine artificielle "nouvelle génération"

03/12/2019 Par Marielle Ammouche
Ophtalmologie
Les premiers tests réalisés sur les primates mais aussi sur cinq patients atteints de DMLA sont positifs.

  La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une pathologie extrêmement fréquente puisque 30% des sujets âgés de plus de 75 ans seraient concernés. Pour améliorer la vue des patients, plusieurs groupes de chercheurs développent depuis quelques années des projets fondés sur l’utilisation de la rétine artificielle. Le principe de ce dispositif est de se substituer aux photorécepteurs qui sont détruits dans la DMLA, mais aussi dans d’autres pathologies telles que la rétinopathie pigmentaire. La rétine artificielle est ainsi constituée d’électrodes fixées sous la rétine du patient, qui viennent stimuler les neurones rétiniens qui transmettent les messages au cerveau.  Deux dispositifs de ce type, l’Argus II (Second sight, Etats-Unis) et le Retina Implant (AG, Allemagne), ont déjà largement été implantés. "Néanmoins, ces deux entreprises se désengagent petit à petit du marché, notamment parce que le rendu pour les patients n’était pas suffisant pour cibler les patients atteints de DMLA. Les patients parvenaient à voir des signaux lumineux, mais ceux qui arrivaient à distinguer des lettres étaient très minoritaires", souligne Serge Picaud (Institut de la Vision, Sorbonne Université, Inserm et CNRS, Paris). Ce chercheur, avec son équipe, a donc voulu "réinventer le dispositif pour le rendre plus performant". Pour cela, ils ont mis au point, avec l’entreprise Pixium Vision, une nouvelle rétine artificielle. Moins complexe que les dispositifs précédents, cet implant introduit aussi un retour local du courant, ce qui induit une meilleure résolution des images perçues par l’œil. En outre, "l’image est projetée sur l’implant par une stimulation infrarouge qui active des photodiodes reliées aux électrodes, permettant une stimulation plus directe des neurones rétiniens", explique l’Inserm. Serge Picaud et son équipe ont testé ce dispositif tout d’abord sur des primates, avec des résultats positifs sur l’acuité visuelle. Ainsi, chaque pixel active des cellules différentes dans la rétine : ce qui entraine une très haute résolution. Par la suite, cinq patients français atteints de DMLA ont été implantés. Les premiers résultats montrent qu’ils retrouvent peu à peu une vision centrale : ils peuvent percevoir des signaux lumineux, et certains peuvent même identifier des séquences de lettres, de plus en plus rapidement au cours du temps. "L’objectif est maintenant de faire un essai de phase 3 chez un groupe plus conséquent de patients atteints de DMLA. Si la rétine artificielle fonctionne chez eux, nous pensons qu’il n’y a pas de raison pour qu’elle ne fonctionne pas chez des patients souffrant de rétinopathie pigmentaire, maladie également liée à la dégénérescence des photorécepteurs", conclut Serge Picaud.

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