Les traitements anti-HTA mis hors de cause

05/05/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Trois études publiées simultanément dans The New England Journal of Medicine mettent en évidence que les traitements anti-hypertenseurs n’augmentent pas le risque de survenue de Covid-19, ou de forme sévère de l’infection.
 

Au début de l’épidémie, certaines données avaient établi un lien entre la prise de traitements anti-hypertenseurs agissant sur le système rénine-angiotensine (inhibiteurs de l’enzyme de conversion - IEC-  et sartans), et la survenue de l’infection, ou encore d’une forme grave de la maladie, en raison de critères épidémiologiques (fréquence de la maladie et des formes graves chez les patients présentant une hypertension), mais aussi sur le fait que la porte d’entrée du virus dans l’organisme est le récepteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2). La première étude a porté sur plus de 12 000 new-yorkais, dont près de la moitié (46,8%) étaient positifs au coronavirus, et 1 002 (17%) présentaient une forme grave de la maladie. Des antécédents d'hypertension étaient présents chez 4 357 patients (34,6%). Les résultats n’ont montré aucune association entre les traitements hypertenseurs quelle que soit leur classe (IEC, sartans, bêta-bloquants, inhibiteurs calciques, diurétiques thiazidiques) et un risque accru d’infection ou de maladie grave chez les patients testés positifs.

La deuxième étude, qui a porté sur une cohorte de près de 9 000 sujets atteints de Covid-19 et recruté dans 169 hôpitaux du monde entier (Asie, Europe, Amérique du nord) a tout d’abord confirmé l’impact négatif de la présence d’une maladie cardiovasculaire sur le risque décès à l’hôpital. En revanche, elle n’a pas montré que la présence d’un traitement par IEC ou sartans augmentait la mortalité. Pour cette dernière classe de traitement, le risque était même inférieur (2,1% vs 6,1%), que pour les patients ne prenant pas ces anti-hypertenseurs. Enfin, la troisième étude a été menée en Lombardie, auprès d’une population de plus de 6 200 sujets hospitalisés pour une forme sévère de Covid-19, qui ont été comparés à une cohorte de plus de 30 000 sujets contrôles. Les auteurs concluent que « dans cette vaste étude, l'utilisation d'IEC et de sartans était plus fréquente chez les patients atteints de Covid-19 que chez les témoins, en raison de la prévalence plus élevée de maladies cardiovasculaires. Cependant, il n’existe aucune preuve d’un lien entre ces traitements et le risque de Covid-19 ». Les odds ratio étaient de 0,95 et 0,96 pour les IEC et les sartans, pour l’ensemble de la population ; et de 0,83 et 0,91, pour les patients ayant une maladie cardiovasculaire.

 « Je suis contente de pouvoir dire à mes patients qu'ils peuvent continuer à prendre leurs médicaments contre l'hypertension », a déclaré à l'AFP Harmony Reynolds, de l'école de médecine de l'université de New York, auteure de la première étude.
   

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Michel Lemariey-Barraud

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