Des chercheurs du GHU Paris psychiatrie & neurosciences révèlent un effet antiviral sur Sars-CoV-2 de la chlorpromazine. Un premier essai clinique mondial devrait être prochainement lancé en France chez l’homme. Cette découverte vient de la constatation qu’on retrouve peu de formes symptomatiques et sévères du Covid-19 chez les patients atteints de troubles psychiques. Pourtant, il s’agit d’une population à risque, présentant des comorbidités importantes (surpoids, troubles cardio-vasculaires). Ainsi, selon une étude mené au sein du pôle hospitalo-universitaire parisien du 15e arrondissement, alors qu’en moyenne 19% du personnel médico-soignant a contracté le Covid-19, seuls 3 % des patients hospitalisés ont été dépistés positifs. En outre, les unités Covid+ installés en psychiatrie sont peu occupées. Et des observations épidémiologiques similaires ont été rapportées dans d’autres hôpitaux français, mais aussi en Chine, Italie, ou Espagne. Les psychotropes auraient-il une action antivirale efficace contre le Covid-19 ? s’interrogent les spécialistes. En outre, des recherches in vitro avec la chlorpromazine menées en 2014 et 2018 sur le Mers-CoV et le Sars-CoV-1 ont déjà suggéré que la chlorpromazine agirait comme inhibiteur de l’entrée du virus dans les cellules. « Ce phénomène serait opérant à des stades précoces, mais aussi tardifs, de l’infection » détaille le GHU Paris, qui regroupe les hôpitaux Maison Blanche, Perray Vaucluse, et Sainte-Anne.
Les médecins-chercheurs, en collaboration avec l’Institut Pasteur ont donc, tout d’abord confirmé in vitro l’effet antiviral de la chlorpromazine sur le Sars-CoV-2. Et maintenant, ils lancent le projet reCoVery : Repositionnement de la chlorpromazine dans le traitement du COVID-19. Il s’agit de la première étude mondiale sur le sujet. Elle cible la chlorpromazine (Largactil), le 1er médicament antipsychotique, « encore largement utilisé de nos jours dans le traitement des troubles relevant de la bipolarité ou de la schizophrénie » précisent les experts. Une première partie de ce programme est épidémiologique, fondé sur les sérologies. Elle vise à étayer les observations cliniques concernant les patients contaminés mais peu symptomatiques (étude Clever, sur 250 patients psychiatriques et 250 soignants afin d'étayer ces observations cliniques). Puis, c’est l’essai clinique à proprement parlé qui débutera. Il s’agit d’un essai randomisé et multicentrique, mené auprès de patients hospitalisés en unité Covid+, et réalisé en collaboration avec l’APHP et la clinique de l’Alma. Le PHRC est en cours d’obtention. « L'essai pilote […] doit débuter cette semaine sur 40 patients Covid-19 hospitalisés, non psychiatriques, dont la moitié recevra la chlorpromazine et le traitement standard (oxygène, hydratation, anticoagulants si nécessaire...) et l'autre le traitement standard », a indiqué à l'AFP le Dr Marion Plaze de hôpital Sainte-Anne à Paris. La spécialiste espère avoir des premiers résultats dans un mois et plus rapidement si d'autres établissements que Saint-Anne et la clinique de l'Alma rejoignent l'étude. Si les résultats sont encourageants un essai sur de beaucoup plus nombreux de patients pourra être lancé.
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