La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a lancé, lors des Rencontres de l’Institut national du cancer, l’évaluation du 3ème plan cancer qui s’achève cette année. Elle a d’ores et déjà évoqué des motifs de satisfaction et des domaines dans lesquels les efforts doivent être intensifiés.
C’est à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le 4 février, que ce sont tenues les 7èmes Rencontres de l’Institut national du cancer (INCa, Palais Brongniart, Paris), en présence d’Agnès Buzyn, Ministredes Solidarités et de la Santé, qui en tant qu’ancienne présidente de l’INCa, n’a pas caché son émotion. Cette journée d’échange était placée sous le thème : "Innovation et cancer, quelles orientations pour la lutte contre les cancers de demain ?". Cette réflexion est d’autant plus d’actualité que "2019 est une année particulière car il s’agit de dernière année du 3ème plancCancer" a souligné Thierry Breton directeur de l’INCa. Ce sera donc le temps du bilan, mais aussi celui de "la préparation de notre prochaine stratégie et la mise au point d’un plan cancer d’un nouveau type qu’il nous faudra inventer ensemble", a indiqué Agnès Buzyn. Depuis 15 ans, la mise en place des 3 plans cancer a permis des avancées majeures et une mobilisation large des différents acteurs. Ces plans "ont été notre boussole et ont su faire de la France un modèle de réflexion concertée, de coordination et de progrès dans la prise en charge de ces maladies", considère la ministre. Plus précisément le 3ème plan qui s’achève a permis des progrès indéniables. Comme l’a rappelé le Pr Norbert Ifrah, président de l’INCa, "les dernières données épidémiologiques montrent que la baisse de la mortalité par cancer amorcée depuis 1980, se poursuit entre 2010 et 2018 chez les hommes (-0,7 par an) comme chez les femmes (-2% par an)". La ministre, quant à elle, a évoqué la baisse du tabagisme en France : "près d’un million de fumeurs quotidiens en moins entre 2016 et 2017, en particulier chez les personnes aux revenus les plus faibles avec un passage de 38,8 % en 2016 de fumeurs réguliers à 34 % en 2017". Le déploiement, à l’ensemble du territoire, du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, est aussi un motif de satisfaction. En outre, des travaux de modernisation du régime d’autorisation de l’activité de traitement du cancer ont eu lieu. Et aujourd’hui, "plus de 800 établissements de santé sont impliqués dans ce dispositif". Le métier d’infirmier en pratique avancée associé à un diplôme d’Etat a aussi fait son apparition avec une priorité en oncologie et en hémato-oncologie. Sur le plan de la recherche, des travaux d’anticipation et d’accompagnement de l’arrivée sur le marché des CAR-T cells ont été conduits. "Ces nouvelles thérapies cellulaires et géniques se déploient sans retard, et redonnent de l’espoir à beaucoup de familles" affirme A. Buzyn. Thierry Breton, dans son discours d’introduction, a lui aussi souligné le dynamisme de la recherche français dans ce domaine. Par ailleurs, la labellisation de structures d’excellence se poursuit. Enfin, le 3ème plan a permis la révision des conditions de prise en charge des perruques, qui sera effective d’ici avril 2019, l’élargissement du droit à l’oubli, qui permet de faciliter l’accès à l’assurance emprunteur. Dans ce domaine, "un travail devra avoir lieu cette année sur le cancer des 18-25 ans", a précisé Agnès Buzyn.
Le cancer colorectal en situation d’échec
Thierry Breton a rappelé que la rénovation du dépistage du cancer du sein était en cours, et que cela passait, en particulier, par l’information des patientes. Les femmes à risque aggravé constituent aussi une priorité. Il a par ailleurs considéré que le dépistage du cancer colo rectal est en "situation d’échec" avec 18 000 décès par an et une participation qui n’est que de 30%, loin des objectifs français et internationaux (60%), malgré la mise à disposition en 2015 du test immunologique. Cette situation est liée à une certaine ignorance, et une méconnaissance des risques et de la maladie. Une simplification de l’accès à ce dépistage apparait nécessaire. De nouvelles expérimentations doivent être menées. La mobilisation reste donc de mise, et la Ministre a demandé à l’INCa de maintenir les efforts, et « de porter une attention particulière aux actions les plus complexes, relatives notamment à la restructuration de l’offre de soins, à l’évaluation et à l’accès à l’innovation, au maintien dans l’emploi et à la réinsertion des personnes ; et de continuer à bien associer les acteurs territoriaux au déploiement du Plan, y compris les territoires d’outre-mer. Pour Thierry Breton, "le fil rouge de cette journée, et de nos missions, c'est la personne malade qui doit concentrer nos efforts et guider nos actions". "Notre volonté est de les aider à vivre une vie normale". "Il s’agit en particulier de réduire la vulnérabilité des personnes malades sur les plans économique, psychologique et professionnels". "Pour réfléchir aux actions de demain, nous devons prendre du recul sur ce que nous avons déjà accompli", concluait-il dans son discours.
Un rapport d’évaluation en octobre 2019
Agnès Buzyn a donc lancé l’évaluation du plan cancer 3, avec l’installation, "dans les prochaines semaines", "d’un comité d’évaluation présidé par une personnalité qualifiée, et qui sera appuyé notamment par le Haut Conseil de la Santé Publique et le Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur associant les parties prenantes, usagers et professionnels". Ce comité d’évaluation devra rendre un rapport en octobre 2019 qui renseignera notamment sur l’évolution globale de l’état de santé de la population en termes de cancers (progrès de la survie, de progression des comportements en matière de prévention, d’évolution des séquelles, ou encore d’impact sur la qualité de vie), et l’impact du plan dans cette évolution. En outre, il devra émettre des recommandations pour l’avenir. Le plan cancer 3 était doté de 1,5 milliard d'euros. Il bénéficiait d’un suivi annuel. Par la suite une stratégie de lutte contre les cancers, applicable pour les années futures, devrait être proposée au premier semestre 2020. Il faudra "consolider notre action" et "repousser les limites" indique la ministre, qui insiste sur la prévention, et la limitation des séquelles de la maladie : "Plus de 3,7 millions de personnes en France vivent aujourd’hui avec un cancer ou en ont guéri. Les perspectives de guérison et de survie évoluent très favorablement pour nombre de cancers mais cela reste une épreuve difficile tant au plan physique que psychologique avec des répercussions sur la vie personnelle, sociale et professionnelle", détaille-t-elle. Certains cancers de mauvais pronostic devront faire l’objet d’une attention spécifique. C’est le cas, par exemple des cancers du poumon, du pancréas, de certaines leucémies, des tumeurs du système nerveux central, dont les tumeurs du tronc cérébral chez l’enfant. Il s’agira, en particulier, de privilégier une recherche fondamentale pluridisciplinaire, faire tomber les cloisons qui séparent parfois les laboratoires, et de développer des programmes de recherche clinique européens, accessibles à des patients de plusieurs pays. Pour le Pr Norbert Ifrah, "les inégalités sociales représentent un combat essentiel et permanent".
L’atout de l’intelligence artificielle
Enfin, l’avenir de la cancérologie passe aussi par de nouveaux outils, au premier rang desquels l’intelligence artificielle, qui a fait l’objet d’une table ronde au cours de cette Journée. "J’ai la conviction profonde que l’intelligence artificielle, qui est déjà un atout considérable dans l’aide au diagnostic dans l’imagerie des cancers, pourrait l’être tout autant dans les années à venir en matière de personnalisation des traitements à partir de l’analyse de "données massives", a ainsi affirmé Agnès Buzyn en concluant son discours.
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