Prurigo, pelade, vitiligo : l’arrivée des biothérapies

29/10/2019 Par Corinne Tutin
Dermatologie

Certaines pathologies cutanées particulièrement difficiles à supporter pour les patients devraient bénéficier à l’avenir des traitements biologiques tels que le némolizumab, ou les inhibiteurs de JAK.  Le prurigo nodulaire est la forme la plus courante de prurigo chronique. Les traitements proposés dans cette affection : émollients, stéroïdes topiques, anti-histaminiques, UV, antidépresseurs, immunosuppresseurs… ne satisfont pas 57 % des patients, ainsi que vient de le mettre en évidence une étude conduite auprès de 396 d’entre eux dans le cadre du projet européen sur le prurigo mis en place par l’Académie européenne de dermatologie et de vénéréologie (EADV), a rapporté le Pr Manuel Pereira (Hôpital universitaire de Münster, Allemagne). Cette affection, qui se manifeste dans près des deux tiers des cas vers l’âge de 60 ans, se traduit par un prurit, qui s’auto-entretient selon un cercle vicieux et altère fortement la qualité de vie. « Son apparition implique réaction inflammatoire, plasticité neuronale, et l’expression de l’interleukine 31 est fortement accrue dans les lésions », a expliqué le Pr Sonja Ständer (Hôpital universitaire de Münster, Allemagne). Cette constatation a conduit à tester un anticorps monoclonal dirigé contre la sous-unité alpha du récepteur de cette interleukine, le némolizumab, dans un essai de phase 2b mis en place chez 70 patients adultes avec un prurigo nodulaire plutôt sévère (au moins 20 nodules associés à un prurit). Dès la 1e semaine de traitement, les patients sous némolizumab ont présenté une réduction très significative de l’intensité du prurit qui s’est accompagnée d’une amélioration du sommeil, et après 12 semaines, 44,1 % des malades traités par ce biomédicament ont vu 75 % de leurs lésions guéries contre 8,4 % de ceux du groupe placebo (p < 0,001). « Un essai de phase 3 va être mis en place », a signalé le Pr Ständer. Efficacité des anti-JAK Dans la pelade et le vitiligo, ce sont les inhibiteurs de JAK qui semblent prometteurs. Un anti-JAK oral, le CTP-543 développé par Concert Pharmaceuticals (Lexington, États-Unis), s’est ainsi montré performant dans un essai entrepris chez 147 patients avec une alopécie sévère (perte capillaire d’au moins 50 %). Après 24 semaines de traitement, une amélioration d’au moins 50 % du score de sévérité de l’alopécie Salt (Severity of Alopecia Tool) a été constatée chez 58 % des malades ayant reçu 12 mg 2 fois/j de CTP-543 (47 % et 21 % à celles de 8 et 4 mg 2 fois/j) contre seulement 9 % dans le groupe placebo. Le biomédicament a été bien toléré. Le Dr James Cassella de la société Concert Pharmaceuticals a insisté sur le fait que...

ce médicament aidait aussi à la repousse des cils et sourcils « ce qui est une urgence pour beaucoup de patients » et rappelé qu’il « n’existe à ce jour aucun traitement validé de la pelade aux États-Unis, alors qu’elle a des conséquences dévastatrices sur le moral des patients ». Or, cette affection auto-immune n’est pas si rare, « et concerne 1,7 % à 2 % des individus au cours de la vie ». Deux autres inhibiteurs de JAK3 et JAK1 (PF-06651600 et PF-06700841), développés par les Laboratoires Pfizer, ont démontré une activité dans la pelade, avec également une bonne tolérance, a indiqué le Pr Brett King (Université de Yale, New Haven, États-Unis). Dans le vitiligo, c’est un inhibiteur de JAK1/2, le ruxolitinib, qui suscite l’espoir, suggère un autre essai conduit en double aveugle chez 157 patients adultes, porteurs de la maladie depuis 14 ans en moyenne. Après application une fois par jour d’une crème à 1,5 % de ruxolitinib, 50 % des patients ont présenté une amélioration d’au moins 50 % des lésions de vitiligo du visage contre 3,1 % pour la crème ne contenant que l’excipient. « Et, cet effet s’est prolongé durant la phase en ouvert de l’essai qui allait jusqu’à 52 semaines », a signalé le Dr Amit G. Pandya (Université du Texas, Dallas, États-Unis).  Le ruxolitinib agissait également sur les lésions de vitiligo du corps « et a permis d’obtenir une repigmentation chez des patients Afro-Américains, chez lesquels le vitiligo est particulièrement stigmatisant ».

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