Certaines maladies suggèrent un lien entre alimentation et cerveau. On constate ainsi une relation entre une alimentation trop riche, une obésité, et une prise alimentaire compulsive proche de l’addiction. Des chercheurs français ont souhaité aller plus loin dans cette voie, et tenter de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent cette relation. Pour cela, ces chercheurs de l’Unité de biologie fonctionnelle et adaptative (CNRS/Université de Paris) ont tout d’abord mené une étude sur la souris. Les résultats sont parus le 5 mars dans Cell Metabolism. Ils montrent que les triglycérides interagissent avec certains neurones du "circuit de la récompense" en diminuant leur excitabilité. Ces neurones sont de type dopaminergique, et participent au renforcement des comportements de recherche de récompense. Ainsi, lorsque les scientifiques faisaient varier les taux de de triglycérides dans le cerveau des souris, cela entrainait une modification des comportements associés à la dopamine, comme le plaisir et la motivation à collecter de la nourriture. Les chercheurs ont ensuite complété leur étude par d’autres travaux chez l’homme cette fois-ci. Pour cela, ils présentaient des odeurs de nourriture aux sujets testés, et observaient leur activité cérébrale en fonction de leurs niveaux de triglycérides après un repas. Cela a permis de confirmer que les triglycérides agissent directement sur le cerveau, au niveau du cortex préfrontal, une des régions du circuit de la récompense qui fait le lien entre l'odeur de la nourriture, son goût et le plaisir qu'elle provoque. Plus précisément, plus la triglycéridémie était élevée, plus la réponse du cortex préfrontal à une odeur alimentaire était atténuée. Or, en cas d’obésité, on observe souvent un niveau anormalement haut de triglycérides tout au long de la journée, contrairement aux sujets non obèses, chez qui les triglycérides ne circulent dans le sang qu’à la suite d’un repas. De ce fait, "cette étude offre un nouveau cadre de lecture permettant potentiellement d'expliquer pourquoi l'accès de plus en plus répandu à des nourritures riches peut contribuer à l'établissement de troubles alimentaires de type compulsif et favoriser le développement de l'obésité", indique le CNRS.
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